Inégalités... et discriminations "scolaires"

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06 Oct 2014 20:32 - 06 Oct 2014 20:33 #11949 par Loys

Les établissements fabriquent-ils eux-mêmes de la ségrégation ? Comment expliquer les inégalités sociales entre établissements de la même commune ? Et entre classes du même établissement ? Son Thierry Ly, Éric Maurin et Arnaud Riegert ont travaillé sur des données académiques jamais consultées jusque là. Ils en ont tiré une étude réalisée à la demande de la région Ile-de-France. Elle accuse les politiques d'établissement qui en jouant des options ou des groupes de niveaux, organisent la séparation à l'intérieur du collège ou du lycée.

C'est sûr que la première cause des inégalités, ce sont les options "ségrégatives" interdites à certains élèves selon des critères discriminatoires. Rien d'autre ne vient à l'esprit...

Cette nouvelle étude, menée par Eric Maurin, Son Thierry Ly et Arnaud Regert, travaille sur l'impact des politiques d'établissement sur la ségrégation. Plusieurs facteurs s'additionnent pour atteindre le haut niveau de ségrégation. Le premier c'est bien sur la ségrégation géographique. Elle est réelle quand on compare les communes.

Sans blague : voilà qui méritait bien une "étude"...

Mais l'étude montre aussi que la ségrégation existe entre établissements d'une même commune et entre classes dans le même établissement. Il faut donc faire entrer d'autres critères. Les auteurs montrent que la politique de constitution des classes est un vecteur ségrégatif.

Et sur quel critère ségrégatif s'effectue la discrimination ? Ce n'est jamais précisé...

Déjà l'absence de toute politique anti ségrégation en fait nourrit la ségrégation.

Déjà on ne commence pas une phrase par "déjà".

C'est même sa source principale.

Ah, finalement la sociologie, c'est secondaire.

Mais il y a aussi les politiques d'établissement. Son moteur principal c'est le regroupement des élèves en fonction des options. L'allemand LV1, le latin sont utilisés pour marquer la ségrégation comme d'autres enseignements optionnels.

Ah bon ? Pourtant rien n'oblige à regrouper ces élèves dans une seule et même classe, et rien n'interdit de faire de l'allemand LV1 ou du latin. Et sur quel critère l'accès à ces "options" ouvertes à tous serait-il interdit à certains ?

On compte ainsi 51% de privilégiés dans les classes de latin en 5ème, 54% en allemand.

Donc la sélection se fait sur dossier social ? La conclusion logique serait d'inciter davantage les élèves de milieu populaire à faire davantage de latin ou d'allemand, mais il faut croire que cette idée n'est pas venue jusqu'au "Café pédagogique".

La concurrence des établissements privés est aussi un autre vecteur important.

Tu m'étonnes, mais très secondaire par rapport aux horribles options ségrégatives. :doc:
Et avec le privé, pour le coup, il existe une vraie ségrégation. :fur

Les établissements qui ont une politique active ségrégative sont généralement soumis à cette concurrence. Son Thierry Ly s'en explique.

Il y a donc en France des établissements scolaires qui ont une "une politique active ségrégative"... :shock:

Comment peut-on connaitre les politiques d'établissement en descendant au niveau de la classe ?
Nous nous sommes servis des bases Scolarité des trois académies franciliennes. Personne jusque là ne s'était emparé de ces données. Ces bases sont constituées par les chefs d'établissement qui saisissent la classe à laquelle appartient l'élève et des informations sur lui.
Peut-on dire que la ségrégation interne aux établissement est importante ?
On a cherché à l'évaluer.

Comment exactement ? :scratch:

En moyenne, si on rapporte la ségrégation entre établissements d'une même commune à ce qui se passe dans les établissements, la ségrégation interne représente un tiers du total de la ségrégation. C'est donc loin d'être négligeable.

Même chose : comment calcule des proportions de ségrégation ? :scratch:

Est-elle le fait de tous les établissements scolaires ou est-elle réservée à des établissements particuliers ?
On a mesuré la ségrégation dans la manière dont le chef d'établissement différencie les classes sans prendre en compte celle résultant de l'existence de filières d'enseignement. Et on a construit un indicateur qui permet de dire quand la constitution d'une classe effectuée par le proviseur ou le principal est plus ségréguée qu'une production au hasard.

J'ai beau lire et relire : je ne comprends pas cette première phrase. Quant à l'indicateur : QUEL EST-IL ?
A noter que dans la plupart des établissements les classes sont constituées non pas par le CDE mais par les collègues, qui connaissent bien les élèves...

D'abord il faut dire qu'elle n'a pas la même ampleur selon le niveau scolaire. Elle est au maximum à la fin du collège et en seconde. Et c'est la moitié des compositions de classe en Ile-de-France qui sont concernées. Dans le cycle terminal, il y a d'autres facteurs, comme le choix de la filière, qui créent tellement d'inégalités que la ségrégation venue de l'établissement est secondaire.

Phrase non française. Donc un "choix" devient un facteur d'"inégalités" Comme les "options" après tout...

Cela concerne toutes les zones d'Ile-de-France ou particulièrement certaines ?
Pour les collèges, les départements où la ségrégation du fait des choix d'établissement est la plus forte sont Paris, le 92 et le 78. Au lycée c'est différent. C'est l'Essonne qui arrive en tête. La ségrégation interne aux établissements se renforce quand on est dans des zones où les établissements tentent d'attirer des élèves de milieu plus favorisé. Cette compétition entre établissements est aussi un moyen de diminuer la ségrégation entre établissements. On a pu constater par exemple que la présence d'un établissement privé à coté de l'établissement public augmente la probabilité de ségrégation interne à l'établissement. Les proviseurs entrent dans des comportements ségrégatifs pour entretenir la compétition entre établissements.

Quel raisonnement intéressant : donc les établissement qui ont une "politique active ségrégative" sont ceux qui luttent contre la ségrégation dont ils font l'objet du fait de la présence des lycées privés. La solution est évidemment dans la suppression des rares avantages, comme les options, proposés par ces établissements ! :santa:

Mais comment font-ils ?
Ils utilisent les options. C'est par elles que les différences se créent. Déjà les options ne sont prises de manière égale par les élèves des différentes classes sociales.

Déjà on ne commence pas une phrase par "déjà" et on la rédige de sorte à ce qu'elle ait un sens... Rectifions nous même cette bouillie syntaxique : les options devraient êtres prises "de manière égale"...

Les plus aisés prennent plus souvent le latin ou l'allemand par exemple.

Lesquelles options sont formellement interdites aux moins aisés. :doc:

Il y a aussi le fait que les chefs d'établissement répartissent les élèves de manière inégale entre les classes. Il y a des lycées qui font des classes de niveau parfois en pensant que les bons élèves s'en tireront mieux s'ils sont entre eux. Parfois aussi les lycées anticipent sur le choix de fin de 2de et demandent dès la rentrée de 2de quelle filière l'élève suivra. Cela permet de regrouper les élèves en fonction de leur orientation.

De ma carrière je n'ai jamais entendu que des classes pouvaient être constituées en seconde en fonction d'une orientation à venir...

Pourquoi organisent -ils des classes de niveau ?
Il y a un grand débat sur les classes de niveau avec peu d'études crédibles. Je pense que des proviseurs se disent que la classe de niveau est meilleure pour les élèves.

Alors que les études "crédibles", elles, prouvent le contraire.

C'est mieux aussi pour les profs car il y a moins d'hétérogénéité dans la classe.

Je n'ai pas observé de telles pratiques dans la constitution des classes en première ou Terminales. A noter que le principe des groupes de compétences, imposé en langues, revient de fait à créer officiellement des groupes de niveaux.

Enfin c'est un moyen de favoriser les meilleurs qui pourront par la suite intégrer de très bonnes filières et finalement améliorer l'image de l'établissement.
La classe de niveau est elle meilleure ? On peut penser que mettre de bons élèves entre eux ne change pas grand chose pour eux. Par contre mettre les mauvais ensemble les empêche de réussir. D'après les études existantes l'organisation de classes de niveau est plutôt positive au primaire. C'est moisn crédible au secondaire. Des études montrent que les classes de niveau ont peu d'effet sur les performances mais que ça augmente au final les inégalités.

Cette phrase semble passablement contradictoire en plus d'être imprécise ("peu d'effet" signifie bien qu'il y a un effet). A supposer que cet effet soit peu sensible sur les performances, en quoi pourrait-il l'être sur les performances ? :shock:

Les bons s'en sortent un peu mieux, les mauvais moins bien. Au secondaire les classes de niveau créent de la stigmatisation qui décourage les adolescents.

La stigmatisation vient surtout du fait que l'école, depuis le début, n'a pas su porter les élèves défavorisés jusqu'au niveau des élèves favorisés. Un élève qui ne sait pas lire convenablement au lycée sera stigmatisé, classe de niveau ou pas.

Quelles recommandations faites vous aux établissements ?
On dit aux chefs d'établissement de se préoccuper de cette question. Ils doivent mesurer la ségrégation sinon ils en produiront.

Une conclusion décapante !
Dernière édition: 06 Oct 2014 20:33 par Loys.

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08 Oct 2014 01:01 - 15 Déc 2014 16:44 #11962 par archeboc

Cette nouvelle étude, menée par Eric Maurin, Son Thierry Ly et Arnaud Regert,

www.ipp.eu/fr/thematiques/education/eval...tion-et-affectation/
A partir de ce point d'entrée, on trouve un rapport et une « note », qui semble un résumé du rapport. A noter que ces deux travaux ne sont pas signés des trois auteurs cités ici, mais de trois autres collègues.
Il est difficile de se faire une idée de travaux de plus de 200 pages parcourus entre 23h00 et minuit, mais j'ai l'impression que ces travaux ne prennent pas du tout en compte la part de ségrégation suscitée par l'enseignement privé. A vérifier.

On compte ainsi 51% de privilégiés dans les classes de latin en 5ème, 54% en allemand.

Donc la sélection se fait sur dossier social ?

La sélection se fait de manière totalement opaque. Pour l'allemand en 6ème, nous ne savons pas sur quels critères les enfants sont retenus. Il se murmure que l'institutrice de CM2 a été consultée.

La concurrence des établissements privés est aussi un autre vecteur important.

Tu m'étonnes, mais très secondaire par rapport aux horribles options ségrégatives. :doc:
Et avec le privé, pour le coup, il existe une vraie ségrégation. :fur

Le pire, c'est que si on lit entre les lignes, ce qu'ils dénoncent ici, ce n'est pas la ségrégation opéré par le privé, mais le fait que pour répondre au privé, les établissements qui en subissent la concurrence directe mettent en place des stratégies de distinction qui induisent de la ségrégation à l'intérieur du lycée public.
En fait, le secteur public devrait se résoudre à laisser les bons élèves fuir vers le secteur privé. Ça, ce serait de la ségrégation légitime.
Je ne résiste pas au plaisir de citer « la diversité contre l'égalité », de Walter Ben Michaels (p. 32) :
« aujourd’hui, écrit David Brooks, les riches n'exploitent pas les pauvres, ils les surclassent ». Si par « surclasser » il faut entendre ligoter les chevilles de son concurrent et le lester d'un sac de plomb pendant que, soi-même, on se paye les services du fleuron des entraîneurs et qu'on s’entraîne dans les meilleurs gymnases, alors c'est tout à fait cela.
En France, on a l'impression que c'est le secteur public qui est lesté d'un sac de plomb, au bénéfice de l'enseignement privé.

Nous nous sommes servis des bases Scolarité des trois académies franciliennes. Personne jusque là ne s'était emparé de ces données.

Hohoho, eux, ils se sont emparés ! Des vrais pirates ! Des flibustiers de la donnée éducative !
Quand on voit, dans le rapport au CRIdF, la longueur des remerciements aux recteurs et anciens recteurs, on se dit qu'il a fallu montrer patte blanche pour « s'emparer de ces données ».
Ce qui est susceptible de poser un vrai problème, d'ailleurs. Si les données ne sont pas publiques, on est en face d'un travail scientifique que la communauté ne peut pas contrôler ni reproduire.

Peut-on dire que la ségrégation interne aux établissement est importante ?
On a cherché à l'évaluer.

Comment exactement ? :scratch:

Je cite :
Dans le cadre de cette étude, la segmentation sociale des lycées est mesurée en appliquant la formule de calcul de l’indice d’entropie H à une classification sociale des élèves en quatre groupes construits à partir de la PCS du responsable légal de l’élève. Cette classification est identique à celle utilisée par la DEPP dans le cadre de ses études statistiques.
(p. 77 du rapport sus-cité).

En moyenne, si on rapporte la ségrégation entre établissements d'une même commune à ce qui se passe dans les établissements, la ségrégation interne représente un tiers du total de la ségrégation. C'est donc loin d'être négligeable.

Même chose : comment calcule des proportions de ségrégation ? :scratch:

Il y a plein de techniques pour cela. Une des possibilités est d'utiliser des techniques type ACP ou AFC, et on regarde comment les différentes variables sont des facteurs prédictifs des segmentations observées (c'est-à-dire de combien ils leur sont corrélés).
Autre possibilité, plus cohérente avec le concept d'entropie :
- je construis une classe virtuelle où tous les élèves seraient mélangés. Ségrégation zéro : c'est la situation optimale.
-je construis une répartition virtuelle non-ségrégée pour chaque lycée, comme si tous les enfants de 6e étaient dans la même classe, ou bien que toutes les classes étaient de même niveau. En mesurant l'entropie de cette répartition, j'ai une mesure de la ségrégation par rapport à la ségrégation zéro. C'est la part due à l'affectation des élèves entre les collèges.
- A cette entropie, je compare celle obtenue avec la répartition réelle : j'obtiens la part de ségrégation due à la répartition des élèves au sein des classes.
Vous voyez où est le problème de leur méthode ? A chaque fois, je compare la répartition à un échelon supérieur. Mais pour quelle raison ont-ils mis le niveau 0 à l'échelle de la commune (« si on rapporte la ségrégation entre établissements d'une même commune » ? Il n'y a aucune raison de postuler que le niveau 0 d'homogénéité serait celui de la commune. Il y a beaucoup de communes où il n'y a qu'un seul collège public. L'idéal républicain, c'est qu'il n'y ait aucune inégalité entre les français : le niveau 0 de ségrégation, cela devrait être en considérant une répartition unique sur toute la France. Évidemment, on n'a pas les données pour une telle mesure. Mais avec les données disponibles, on pourrait faire une mesure à l'échelle de la région, et ce serait cohérent avec les ambitions du commanditaire de l'étude : je ne pense pas que la région se satisferait publiquement d'une situation où un de ses départements serait le ghetto scolaire du reste du territoire.
Si on prenait un niveau 0 de ségrégation à l'échelle de la région, le facteur 1/3 donné plus haut pour la ségrégation interne aux lycées serait considérablement diminué. La région serait sans doute beaucoup moins intéressée par le résultat.

Est-elle le fait de tous les établissements scolaires ou est-elle réservée à des établissements particuliers ?
On a mesuré la ségrégation dans la manière dont le chef d'établissement différencie les classes sans prendre en compte celle résultant de l'existence de filières d'enseignement. Et on a construit un indicateur qui permet de dire quand la constitution d'une classe effectuée par le proviseur ou le principal est plus ségréguée qu'une production au hasard.

J'ai beau lire et relire : je ne comprends pas cette première phrase.

La aussi deux interprétations possibles :
- cela peut vouloir qu'ils ont fait un test statistique du type chi2, qui mesure si la répartition des élèves (par exemple mesurée par les quatre classes évoquées plus haut) s'écarte très fort d'une répartition au hasard.
- plus probablement, cette formulation est un équivalent de l'expression sous forme d'entropie. Ce n'est pas tout à fait exacte à partir du moment où on travaille avec des effectifs de collège autour de 200 élèves, mais l'approximation n'a rien de scandaleux.

A noter que dans la plupart des établissements les classes sont constituées non pas par le CDE mais par les collègues, qui connaissent bien les élèves...

Ah bon ? A quel moment ? Je croyais que les effectifs de chaque classe étaient fixés par le CDE fin août, alors que tous les enseignants sont encore en congés.

La classe de niveau est elle meilleure ? On peut penser que mettre de bons élèves entre eux ne change pas grand chose pour eux. Par contre mettre les mauvais ensemble les empêche de réussir. D'après les études existantes l'organisation de classes de niveau est plutôt positive au primaire. C'est moisn crédible au secondaire. Des études montrent que les classes de niveau ont peu d'effet sur les performances mais que ça augmente au final les inégalités.

Cette phrase semble passablement contradictoire en plus d'être imprécise ("peu d'effet" signifie bien qu'il y a un effet). A supposer que cet effet soit peu sensible sur les performances, en quoi pourrait-il l'être sur les performances ? :shock:

Les études (celles que j'ai consultées) montrent que les classes de niveau ont peu d'effet sur la performance moyenne, mais qu'elles coulent les moins bons et favorisent les meilleurs. Ce qui est faux, ici, c'est donc la phrase initiale : On peut penser que mettre de bons élèves entre eux ne change pas grand chose pour eux. . On sait au contraire qu'une telle configuration leur profite. Duru-Bellat montre par contre qu'ils y gagnent moins que ce que perdent les moins bons.
Le problème est évidemment celui de la normalisation des résultats : comment comparer ce que perdent les moins bons avec ce que ganent les meilleurs ? La méthode PISA (compter en temps gagné ou perdu) semble solide, mais elle n'est pas utilisée partout, et je ne suis pas compétent pour évaluer les autres méthodes (euh, celle de PISA non plus d'ailleurs).
Dernière édition: 15 Déc 2014 16:44 par archeboc.

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08 Oct 2014 08:08 - 08 Oct 2014 08:44 #11963 par Loys
Merci pour le lien.

Le pire, c'est que si on lit entre les lignes, ce qu'ils dénoncent ici, ce n'est pas la ségrégation opéré par le privé, mais le fait que pour répondre au privé, les établissements qui en subissent la concurrence directe mettent en place des stratégies de distinction qui induisent de la ségrégation à l'intérieur du lycée public.
En fait, le secteur public devrait se résoudre à laisser les bons élèves fuir vers le secteur privé. Ça, ce serait de la ségrégation légitime.

C'est exactement ça.

Peut-on dire que la ségrégation interne aux établissement est importante ?
On a cherché à l'évaluer.

Comment exactement ? :scratch:

Je cite :
Dans le cadre de cette étude, la segmentation sociale des lycées est mesurée en appliquant la formule de calcul de l’indice d’entropie H à une classification sociale des élèves en quatre groupes construits à partir de la PCS du responsable légal de l’élève. Cette classification est identique à celle utilisée par la DEPP dans le cadre de ses études statistiques.
(p. 77 du rapport sus-cité).

Sauf qu'il s'agit ici d'une mesure des inégalités sociales dans les classes constituées (fait observable ou pas), pas de la ségrégation dans leur constitution (intention vérifiée ou non).
Le glissement de l'un à l'autre est permanent dans le "Café" et il est très grave.

Mais pour quelle raison ont-ils mis le niveau 0 à l'échelle de la commune (« si on rapporte la ségrégation entre établissements d'une même commune » ? Il n'y a aucune raison de postuler que le niveau 0 d'homogénéité serait celui de la commune. Il y a beaucoup de communes où il n'y a qu'un seul collège public. L'idéal républicain, c'est qu'il n'y ait aucune inégalité entre les français : le niveau 0 de ségrégation, cela devrait être en considérant une répartition unique sur toute la France. Évidemment, on n'a pas les données pour une telle mesure. Mais avec les données disponibles, on pourrait faire une mesure à l'échelle de la région, et ce serait cohérent avec les ambitions du commanditaire de l'étude : je ne pense pas que la région se satisferait publiquement d'une situation où un de ses départements serait le ghetto scolaire du reste du territoire.

:topla:

A noter que dans la plupart des établissements les classes sont constituées non pas par le CDE mais par les collègues, qui connaissent bien les élèves...

Ah bon ? A quel moment ? Je croyais que les effectifs de chaque classe étaient fixés par le CDE fin août, alors que tous les enseignants sont encore en congés.

Le plus souvent les classes de première et de terminale sont constituées par les professeurs fin juin début juillet. Celles de seconde, souvent également. Les critères sont le sexe (des classes mixtes autant que possible), le comportement des élèves, le niveau scolaire (pour oui contre des classes hétérogènes d'ailleurs), les langues, les options (regroupées ou pas sur une seule classe*) et les enseignements d'exploration (en seconde), les spécialités en Terminale, les filières et les séries. S'il y a intention de ségrégation, il faut en accuser les professeurs : le CDE a souvent mieux à faire que la constitution des classes et il se contente éventuellement des ajustements de dernière minute.
Même chose au collège où la constitution des classes relève de la survie pour les professeurs dans les établissements les plus difficiles.
On peut s'étonner que l'étude ou le "Café" n'ait pas connaissance de ce fonctionnement pourtant très classique (sauf exception) des établissements du secondaire. Version machiavélique ou inconsciente : peut-être s'agit-il, en les accusant à tort, d'amener les CDE à prendre justement la main sur la constitution des classes.
*Pour ma part je n'ai jamais observé des classes d'option : il y a toujours eu volonté de disperser au contraire les élèves latinistes par exemple dans autant de classes que possibles (avec des alignements contraignants et par conséquent des horaires pénibles). Exemple concret : mes 33 latinistes de seconde sont répartis sur trois classes (sur cinq).
Dernière édition: 08 Oct 2014 08:44 par Loys.

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08 Oct 2014 08:20 - 08 Oct 2014 08:49 #11964 par Loys

Loys écrit: Sauf qu'il s'agit ici d'une mesure des inégalités sociales dans les classes constituées (fait observable ou pas), pas de la ségrégation dans leur constitution (intention vérifiée ou non).
Le glissement de l'un à l'autre est permanent dans le "Café" et il est très grave.

L'étude emploie le terme "ségrégation". Ainsi la "proportion cumulée d'élèves d'origine sociale défavorisée,
par proportion croissante d'élèves favorisés dans le lycée" et la "proportion cumulée d'élèves d'origine sociale favorisée" permettent de déterminer des "courbes de ségrégation sociale des lycées franciliens" (fig. 4.1).
C'est très malheureux car le terme "ségrégation", dans son sens le plus neutre (car le terme peut aussi renvoyer à l'idée de discrimination), renvoie à l'"action de séparer quelqu'un ou quelque chose d'un ensemble" : il suppose donc un agent, un critère et une intention.
D'un point de vue social, la définition est la suivante :

B. 1. Séparation radicale, régie par des lois, de la population de couleur d'avec la population blanche, qui affecte tous les lieux et moments de la vie quotidienne. Les hommes de couleur dans son fameux Hallelujah! sont tous, comme il se doit, puérils, superstitieux, naïfs, sensuels, criminels, bornés. Les problèmes de la « ségrégation » et du quasi-esclavage ne sont pas posés dans un film où l'on cueille le coton, en chantant et en dansant (Sadoul, Cin., 1949, p. 226).[En Afrique du Sud] la ségrégation a toujours été la politique officielle, en pratique ou en théorie. Mais, dans le passé, la ségrégation était une ségrégation horizontale. Les gens de couleur se rendent compte qu'aujourd'hui il n'en est plus ainsi et qu'il s'agit si l'on peut dire d'une ségrégation verticale. En d'autres termes, ils peuvent maintenant s'élever aussi haut qu'ils le veulent ou qu'ils le peuvent (Réalités, mai 1968, p. 35, col. 1).
2. Discrimination sociale de fait à l'égard d'individus ou de groupes d'individus en raison de leurs race, ethnie, religion, mœurs, sexe, âge, condition sociale. Cette ségrégation qui dans la vie civile sépare les jeunes bourgeois des jeunes ouvriers, il la ressentit comme une mutilation (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 180).[Pour les femmes] ségrégation à tous les échelons de la vie publique, barrage devant les postes de responsabilité, etc. (L'Express, 6-12 juin 1966, p. 43, col. 2).

Or les classes ne sont en rien constituées "en raison de" la "classe sociale" des élèves. :fur
Dernière édition: 08 Oct 2014 08:49 par Loys.

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18 Oct 2014 14:13 #12068 par Loys
Sur le blog "Question de classe(s)" du 18/10/14 : "Une tribune collective contre l’école des réac-publicains : « La pédagogie est un combat social »" .

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18 Oct 2014 15:07 - 21 Oct 2014 09:41 #12069 par Loys

Lancement d’une association de parents d’élèves par Farida Belghoul, initiatrice de la Journée de retrait, hommage appuyé de Jean-Paul Brighelli au programme éducatif du FN, quelques semaines avant la sortie de son nouvel ouvrage, refus par le maire frontiste de Beaucaire d’inscrire des enfants « étrangers » dans les écoles de sa commune, déclarations de Michel Onfray selon lesquelles défendre l’idée « d’apprendre à lire, écrire et compter serait devenu réactionnaire ». Ces dernières semaines, les postures et les propos réactionnaires sur l’école ont fait la une de l’actualité.

L'amalgame est un procédé extrémiste.

Les rentrées scolaires sont une occasion sans cesse renouvelée de se pencher sur l’état de l’école et peut-être aussi, pour beaucoup, une invitation à porter un regard empreint de nostalgie sur son enfance... La rentrée 2014, quant à elle, a surtout été marquée par une multiplication d’attaques et de provocations réactionnaires complaisamment relayées dans les médias.

On pourrait aussi bien parler d'attaques et de provocations "modernistes", comme celles de M. Durpaire et Mme Mabilon-Bonfils appelant "la fin de l'école" ...

Longtemps considéré comme une insulte, ce terme de « réactionnaire » est aujourd’hui revendiqué et encensé...

Il sert surtout à discréditer celui qui émet une opinion non conforme à la nouvelle doxa pédagogiste.

L’école se retrouve non seulement au cœur d’une révolution conservatrice mais elle apparaît aussi de plus en plus comme le champ d’intervention privilégié de cette offensive. Jacques Rancière l’avait déjà souligné dans son ouvrage La Haine de la démocratie quand il écrivait : « C’est, de fait, autour de la question de l’éducation que le sens de quelques mots – république, démocratie, égalité, société, a basculé. »

Oui, on observe cette "révolution conservatrice" tous les jours en ce moment : rythmes scolaires, suppression du redoublement, orientation choisie, extension des cycles, réforme de l'évaluation, réforme du socle, refondation par le numérique etc. De même depuis quelques décennies.
Les "conservateurs" sont décidément les vrais responsables du naufrage de l'école ! :santa:

Depuis Socrate, déplorant la perte du sens civique des adolescents athéniens, on sait que le niveau n’en finit pas de baisser...

Contre-sens habituel sur les propos de Platon... Le personnage de Socrate réfléchit à ce qui fait l'essence de la tyrannie, pas à la baisse de niveau. :roll:
Mais allons plus loin : pour les auteurs de cette tribune, il n'y a donc pas de baisse de niveau. :devil:

Sauf que ces éternelles lamentations ne trouvent un écho profond que lorsqu’elles entrent en résonance avec un contexte social qui leur est favorable : quand la peur de l’autre (représenté sous les traits du « barbare ») la haine de l’égalité (rebaptisée « égalitarisme »), du progrès et de la démocratie (considérés comme démagogiques) réactivent les tentations d’un retour à l’ordre scolaire ancien, à la ségrégation sociale et à l’éloge des valeurs traditionnelles (religieuses, morales, nationalistes).

Après l'amalgame, la caricature. Les "républicains" seraient nationalistes, xénophobes, auraient la haine de l'égalité, du progrès et de la démocratie, partisans de la ségrégation sociale... :roll:

L’histoire cette mouvance, adepte de la « pédagogie noire »...

Après l'amalgame et la caricature, le complotisme...

... recoupe celle des grandes crises sociales : l’Ordre Moral bâti sur les ruines de la Commune de Paris ; dans le sillage de l’affaire Dreyfus avec l’antisémite Drumont qui s’acharne contre Paul Robin, précurseur de la mixité scolaire ; en 1909, dans la très catholique Espagne où le pédagogue Francisco Ferrer est assassiné par les fanatiques du sabre et du goupillon ; quand l’Action française, dans les années 30, contraint Célestin Freinet à démissionner ; sous Vichy qui rend responsable l’école de la République et ses instituteurs de la défaite et décide de les remettre au pas, lors de la guerre d’Algérie quand les animateurs des Centres sociaux éducatifs sont assassinés par l’OAS à quelques heures des accords d’Evian, au lendemain de Mai 68 lorsque le pouvoir resserre la vis dans les établissements scolaires, en 1984 avec le passage de Chevènement au ministère de l’Éducation nationale sonnant la fin de « la récréation pédagogique » en parallèle au tournant de la rigueur...

L'amalgame devient maintenant historique : de Michel Onfray à Vichy ou Drumont.

La renaissance et le renforcement du courant « réac-publicain » depuis une vingtaine d’année semble aujourd’hui entrer dans une nouvelle phase. L’overdose éditoriale de pamphlets contre l’école ne suffit plus, il s’agit de passer à l’acte : les Journées de retrait fustigeant l’égalité entre les sexes, l’hommage appuyé au programme éducatif du FN – lui-même directement inspiré de la prose des « anti-pédagogues »...

Il faudrait être logique, ici. Si le programme du FN s'inspire des "anti-pédagogues" (et c'est effectivement le cas car il emprunte - pour partie seulement - le boulevard que lui ouvre les deux partis de gouvernement), les "anti-pédagogues" (ou plus exactement anti-pédagogistes ou "républicains" car tout professeur est nécessairement pédagogue, n'en déplaise aux auteurs de cette tribune) devraient-ils renoncer à leurs convictions pour autant ?
Le combat pour la laïcité, mené en son temps par les radicaux (et par un certain Ferdinand Buisson par exemple), serait aujourd'hui réactionnaire parce que récupéré habilement par le FN ?

...les dérapages incontrôlés, comme il y a quelques jours à la radio où les programmes d’histoire sont accusés de « fabriquer » non plus seulement des « crétins » mais des « djihadistes »...

De fait l'éducation à la citoyenneté n'a pas empêché ces départs pour le Jihad d'adolescents ne sachant pas où la Syrie est située sur la carte... :mrgreen:

Quiconque prend le temps de lire l’un de ces ouvrages y découvre avec effroi le déchaînement de haine, le mépris et la violence des propos qui semblent seuls tenir lieu d’argumentation.

L'argumentation de cette tribune est beaucoup plus nuancée, effectivement...

Le FN ne s’y est pas trompé, lançant son collectif Racine, animé par des militants de la droite la plus extrême ou des transfuges du chevènementisme. Son programme est un copier-coller de la prose des réac-publicains...

Encore une fois...

...« l’enracinant » dans l’intérêt jamais démenti de l’extrême-droite pour l’école, de Drumont à Le Pen en passant par Maurras ou Pétain.

Eh bien non précisément : le collectif Racine est une création récente, qui entre dans une logique nouvelle du FN : capitaliser sur le désespoir enseignant.

Que nos pamphlétaires jugent bon de saluer ce programme en dit long : s’agit-il, pour « sauver l’école », d’applaudir aux mesures que les nouveaux maires FN prennent comme à Beaucaire ou l’inscription des enfants étrangers a été refusée dans les écoles de la commune afin de protéger les « petits beaucairois de souche » ?

Il suffirait de leur demander plutôt que de leur faire des procès d'intention. :fur

Le « retour aux fondamentaux » (directement importé du « back to basics » des Républicains états-uniens), le rejet de toute réflexion pédagogique...

Au contraire, la lutte contre le pédagogisme est l'occasion d'une belle réflexion sur la pédagogie. :doc:
Pour imiter Blaise Pascal : la vraie pédagogie se moque du pédagogisme.

...la nostalgie de la ségrégation sociale, le culte élitiste de « l’excellence » sont habilement instrumentalisés par le néolibéralisme.

On pourrait aussi bien démontrer à quelles point les nouvelles pédagogies ont favorisé de fait la ségrégation sociale. :fur
Jamais l'école n'a été aussi inégalitaire et pourtant les pamphlétaires qui se trouvent ainsi accusés n'ont guère exercé de responsabilités politiques. Commente expliquer ce mystère ?

Le précédent quinquennat nous l’a assez démontré : disparition de la formation initiale...

Dans la forme qu'elle avait, ce n'était pas un si grand mal, malheureusement.

...attaques contre l’enseignement professionnel scolarisé (au profit de l’alternance, plus soumis aux diktats patronaux)...

Le quinquennat actuel n'est pas revenu sur la réforme de l'enseignement professionnel.

...remise en cause de la carte scolaire (favorisant le consumérisme scolaire et la ségrégation)...

Idem...

...célébration du curé, mise au pas des personnels...

Une célébration qui, effectivement, a obtenu l'onction de Jean-Paul Brighelli et de Michel Onfray ! :P

...sans que le « redressement » du niveau ne soit au rendez-vous !

Mais il n'y a pas besoin de redressement puisqu'il n'y a pas de baisse du niveau. :santa:
A noter que la chute des résultats mesurés par la DEPP remonte à bien avant le dernier quinquennat seulement. Mais bon, c'est plus simple d'identifier un épouvantail politiquement classable.
A noter aussi que les extrémistes de droite vomissent la droite : alors Sarkozy ou Le Pen, il faudrait quand même choisir. :santa:

L’ordre, pour ces gens-là n’est moral (ou compétitif) que lorsqu’il se dresse pour défendre les privilèges et nourrir les fantasmes, leur peur des « barbares ». « La Guerre aux pauvres commence à l’école » observait il y a quelques mois le philosophe Ruwen Ogien.

Heureusement qu'avec des syndicats réformistes et la gauche progressiste au pouvoir, les choses vont mieux. :mrgreen:

En face la gauche de gouvernement, après s’être converti au capitalisme néolibéral dans les années 1980, emprunté le virage sécuritaire à la fin des années 1990 semble aujourd’hui abandonner toutes ambition émancipatrice en matière d’éducation.

Ah... Mais comment se fait-il alors que les néo-pédagogues l'inspirent et la soutiennent à ce point ?

Dès lors les sirènes réactionnaires attirent certains intellectuels de gauche ou même de la gauche de la gauche. Méconnaissance ? Dérapage ? Soumission à l’air du temps ?

Résumons : être d'extrême gauche et s'opposer à une gauche gouvernementale qui "abandonne toute ambition émancipatrice en matière d’éducation", c'est être réactionnaire : la logique m'échappe quelque peu. :scratch:

Finalement en se résignant à ne plus lutter pour changer la société, on en arrive nécessairement à ne plus vouloir non plus changer l’école...

Changer l'école pour changer la société, c'est exactement le slogan de l'association réformiste la plus proche du PS (malgré sa revendication d'indépendance" : le CRAP-Cahiers pédagogiques .
A lire aussi le communiqué "Changer l'école" du SN-UNSA le 23 mai 2012. A lire aussi les études des think tanks comme Terra Nova, proches du PS, sur la nécessaire transformation de l'école. Ou bien cette analyse du dernier rapport de la Cour des comptes faisant un bon usage de la pédagogie pour "mieux gérer les enseignants".
Bref, l'anarcho-syndicalisme rejoint les plus réformistes et les plus écoutés de nos syndicats enseignants ! :santa:

On offre alors à ses adversaires leur plus grande victoire : confisquer toute critique des tares du système éducatif à leur seul profit.

Mais le système n'a pas de "tare" puisque le niveau monte, voyons.

Face aux réactionnaires, il ne s’agit surtout pas de défendre l’école telle qu’elle est mais bien de poursuivre le combat pour la transformer, de réactiver l’histoire de sa contestation en acte, dans les classes, dans les établissements.

Les tenants de la transformation sont très nombreux dans l'opposition libérale et ultra-libérale. :santa:

Oui, la pédagogie est un sport de combat, contre les inégalités, les injustices et la concurrence de chacun contre tous. Pour paraphraser Freinet rappelant que la démocratie de demain se construit dans les écoles d’aujourd’hui, les tentations totalitaires peuvent aussi s’y enraciner dès maintenant.

Bien d'accord, mais sans doute pas pour les mêmes raisons : la lutte contre le totalitarisme ne passe pas par une école qui donne l'apparence d'être plus juste, mais qui est réellement plus efficace.

Il est temps de réaffirmer non seulement l’égalité des intelligences mais le fait qu’il existe deux manières d’éduquer et d’enseigner. La question n’est pas de choisir entre « la pédagogie » et « la non-pédagogie », mais entre deux conceptions de l’éducation.

L'efficacité pédagogique et le pédagogisme. :mrgreen:

En ce sens, il y a cohérence entre les choix pédagogiques des réac-publicains ou du FN et leur projet social. Cette cohérence, il convient de la mettre à nu et de la présenter à ceux et celles qui pourraient être séduits par un discours nostalgique simpliste...

Alors que tout le monde voit bien que tout va pour le mieux dans l'école !

...qui se répand à mesure que recule l’aspiration à transformer la société et son école. Parallèlement, ce décryptage doit aller de pair avec la recherche d’une mise en cohérence entre notre volonté de changer la société et nos pratiques pédagogiques, ici et maintenant.

Effectivement une mise en cohérence est nécessaire, compte tenu des résultats produits par le pédagogisme et ses ravages.
A toutes fins utiles :
- cette question récemment posée dans le "Café pédagogique" "Parfois, ne vous suspecte-t-on pas de pédagogisme ?"
- "nos amis" dixerunt les "Cahiers pédagogiques" à propos de "N'autre école"
- mais surtout ce récent compte-rendu de lecture d'un ouvrage de Grégory Chambat dans les "Cahiers pédagogiques" (dont la devise est paraphrasée dans la tribune : "en se résignant à ne plus lutter pour changer la société, on en arrive nécessairement à ne plus vouloir non plus changer l’école").

Jean-Michel Zakhartchouk écrit: Nous sommes parfois consternés par les positions pédagogiques défendues par des groupes et partis de la «  gauche de la gauche  », leur condamnation d’une pédagogie active plus axée vers la construction de compétences que vers une ingurgitation de savoirs, le peu de contestation chez eux de «  l’école républicaine  » et des pratiques enseignantes dominantes. Aussi cela fait-il du bien de constater que certains, et notamment au sein du collectif libertaire «  Nautre école  », ne s’engagent pas dans ces désastreuses positions et englobent l’école parmi les institutions qu’il faut obligatoirement questionner, au nom de la contestation de l’ordre social dont fait partie «  l’ordre scolaire  ».

Dernière édition: 21 Oct 2014 09:41 par Loys.

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18 Oct 2014 15:38 #12070 par Loys
Mon commentaire à la suite de cette tribune :

Aligner dans une même tribune Jean-Paul Brighelli, Michel Onfray, Philippe Pétain et Édouard Drumont, il fallait oser... Attaques personnelles, caricatures grossières, amalgames, procès d'intention, tout y passe dans une rhétorique qui fleure bon un autre siècle, effectivement.
Le plus saisissant est de s'apercevoir combien, derrière son caractère révolutionnaire ou anarcho-syndicaliste, cette tribune est proche du pédagogisme le plus convenu et le plus institutionnel, promu activement par les syndicats les plus réformistes et les plus proches du Ministère de l’Éducation nationale. "Changer l'école pour changer la société", c'est aussi le slogan du CRAP-Cahiers pédagogiques.
Défendre une école traditionnelle qui apprend à lire et à écrire, c'est être de gauche, et véritablement de gauche. Et tant pis si cette gauche est "réac'publicaine" à vos yeux.

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18 Oct 2014 16:49 - 18 Oct 2014 18:42 #12073 par Wikibuster
"Changer l'école pour changer la société"
Je propose pour changer la société de renoncer à utiliser l'école à cette fin, de renoncer à endoctriner les élèves de quelque manière que ce soit, d'ailleurs je ne savais pas que les anarcho-syndicalistes étaient des fans de la grande mission républicaine de fabriquer des Français et des citoyens (#pasglop). Par ailleurs je ne comprends toujours pas pourquoi l'école a des problèmes, la seule école que je connais ces temps-ci est une école de quartier qui se dit "familiale et montessorienne", il n'y a que 3 institutrices qui tiennent l'établissement depuis 30 ans dans une maisonnette avec une petite cour, 3 classes de peu d'élèves (17 ou 18 peut-être) de 3 âges/niveaux différents dans chacune, les cahiers sont remplis comme à l'ancienne, même archi-remplis, aucun bidule numérique, un programme qui semble suivi à la semaine près, classe le mercredi, sport 2 après-midi par semaine, les enfants sont ravis et leurs parents aussi on s'en doute. Cette école coûte 430 € par mois et par élève aux parents et ils n'ont rien de bourgeois visiblement, même en tenant compte du faible nombre d'élèves ce n'est pas plus coûteux que l'E.N. Cf les chiffres donnés par Loys il y a quelques temps. A noter que cette école qui semble très traditionaliste dans ses méthodes pédagogiques malgré l'étiquette Montessori n'est même pas subventionnée par l'Etat ce qui est pour moi une honte. Mais à la réflexion cette école est-elle brimée financièrement par l'E.N. parce qu'elle affiche le "logo" Montessori ou parce qu'elle applique les méthodes d'enseignement aujourd'hui bannies par elle ?
Dernière édition: 18 Oct 2014 18:42 par Wikibuster.

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23 Oct 2014 10:26 - 23 Oct 2014 10:29 #12108 par Loys
Nouvel exemple de confusion corrélation/causalité dans le "Café pédagogique" du 23/10/14 :

François Jarraud écrit: L'étude de Grimault-Leprince montre aussi l'inégalité sociale devant la sanction : "la catégorie socioprofessionnelle du père (notée par le CPE suivant les déclarations de l’élève exclu) a également un effet net significatif sur l’exclusion de cours. Les élèves de milieu défavorisé ont en effet une probabilité 2,4 fois supérieure d’être récidivistes, toutes choses égales par ailleurs". [...]
La question des exclusions de cours a beaucoup à voir avec d'autres questions soulevées en ce moment, comme le redoublement par exemple. On peut toujours constater les dégats qui sont bien réels. On peut faire des circulaires et aborder la chose administrativement. On peut crier à l'abus ou au scandale et prendre la question sous l'angle moral. C'est en pure perte. Pour une bonne raison : l'exclusion de cours si elle est néfaste pour la scolarité de l'élève a son utilité dans le système tel qu'il est. Elle est y a sa source et y est utile.

Dernière édition: 23 Oct 2014 10:29 par Loys.

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27 Oct 2014 14:41 - 27 Oct 2014 14:41 #12173 par Loys
Aux assises de la pédagogie du CRAP-Cahiers pédagogiques :

Philippe Watrelot écrit: Beaucoup d’autres se réfugient derrière l’attente d’une réduction des inégalités dans la société pour se dispenser d’agir au quotidien dans leur classe.

www.laviemoderne.net/veille/les-nouvelle...es-21-oct-2014#12170
Dernière édition: 27 Oct 2014 14:41 par Loys.

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