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L'anti-"déclinisme" : Chroniques d'hier et d'aujourd'hui
- Loys
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C'est le même "Café pédagogique" qui fustige en 2014 "un creusement des inégalités sociales par un échec scolaire massif " .
Bref la schizophrénie continue !
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L'Art d'écrire de François Nicolas Bédigis. Ou comment confondre la question scolaire avec celle du style en littérature.
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Et cet article édifiant des "décodeurs" du Monde le 16/06/16 : www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/201...4951762_4355770.html
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Françoise Cahen est peu respectueuse d'Antoine Prost , un progressiste de longue date qui sonne aujourd'hui le tocsin sur la question du niveau !C’est toi qui baisses, vieil aigri, pas le niveau, patate!
Heureusement qu'il y a des exceptions comme Françoise Cahen.Quand j’étais élève, du collège à la fac, ce fut la même rengaine. Chaque année. Quelle que soit la classe, au collège, au lycée, en prépa, à la fac. Une sorte de constante immuable. Quels que soient mes camarades. Campagnards. Urbains. Latinistes. Ou pas. « LE NIVEAU BAISSE. » Avec toutes ses variantes . »Jamais je n’avais encore vu une orthographe si déplorable dans une classe. » « Jamais je n’ai eu des élèves aussi paresseux ». « De mon temps, on était plus sérieux. » « Votre culture générale s’est tellement dégradée ». » Vous ne lisez plus, c’est une catastrophe. » Etc, etc.
Mais, au fait, et si les compétences de lecture s'étaient véritablement dégradées ?
Françoise Cahen est sans doute "lumineuse" également.Seuls quelques profs lumineux ont dérogé à cette lubie décliniste sur mon parcours. Et pas les moins exigeants. Merci à eux.
Bon, cette "lubie décliniste", il serait maintenant temps de la réfuter, avec des arguments objectifs.
L'expérience de ce professeur ne pouvait pas avoir de valeur en effet !Je me souviens encore de l’accueil de ma prof de français de première. Je faisais un bac B, mais j’étais passionnée par la littérature, le monde contemporain m’intéressait, j’aimais les maths; le bac B était un vrai choix. Elle nous dit le jour de la rentrée: « je sais que vous faites ce bac uniquement parce que vous ne pouvez pas aller en S. Je ne me fais pas d’illusion. De toute façon, les bacs B ont toujours été les pires classes que j’aie eues, je n’attends rien de vous. » Et ça a été ça tout au long de l’année. Nous nous devions d’illustrer son point de vue catastrophiste et elle semblait jubiler quand les échecs de certains confirmaient sa vision de la médiocrité obligée d’un élève de première B.
Mais, au-delà du traumatisme personnel, quel rapport avec la baisse de niveau ? On compare ici des séries différentes du baccalauréat général : quel rapport ?
Les "lumineux", les "sombres"...Ces propos m’ont toujours fait bondir. J’ai en partie voulu être prof pour suivre le modèle de certains profs merveilleux, mais aussi en réaction contre les autres, par révolte contre tous ceux que je trouvais si injustes, si sombres à l’intérieur d’eux-mêmes.
Quand bien même ce serait vrai ?Je me jurais, bouillant intérieurement à chaque fois que j’entendais « le niveau baisse » et ses variantes, que si j’étais prof, JAMAIS je n’en viendrais à utiliser ce style d’expression.
Car la baisse de niveau est mesurée par de nombreux indicateurs objectifs.
Mieux que d'aller à l'IUFM : lire les œuvres de Platon, pour vérifier, par exemple, que la citation à laquelle il est fait allusion n'a rien à voir avec la baisse du niveau ou avec l'école, ni même avec une désolation sur son temps...A l’IUFM, j’ai appris d’ailleurs que déjà Socrate se désolait du déclin de la jeunesse, en son temps…
Et si les observations étaient objectivement beaucoup plus nombreuses sur les copies, du fait des difficultés croissantes des élèves en français ? Mais non : ce n'est pas concevable !Quand j’ai débuté, une collègue plus mûre me dit: « la preuve irréfutable que le niveau baisse, c’est que j’use beaucoup plus vite mes stylos rouges qu’autrefois. » Elle avait à la main un roller à encre gel. Je lui ai dit: « Regarde ton stylo, il a changé en 20 ans. On veut t’en faire acheter plus, je crois que c’est l’encre qui a été modifiée, aussi… » Mais j’ai eu envie de lui dire: « Regarde toi, n’as-tu pas changé, non plus, depuis? »
Comparer une époque où les élèves sont tous scolarisés dans le secondaire avec une époque où l'école primaire n'était pas encore obligatoire, c'est effectivement avisé.Saviez-vous que par exemple, au XIXème siècle, le niveau d’orthographe était tellement mauvais en France qu’on faisait des dictées en épelant toutes les lettres des mots aux élèves?
La baisse du niveau commence plutôt dans la seconde moitié du XXe siècle.Ensuite, on leur a fait chercher des fautes dans des textes déjà écrits, là encore parce que l’exercice de la dictée était trop compliqué. Puis les choses ont évolué.
Autant les collègues de Françoise Cahen sont des aigris, autant les élèves ont du "génie" !Je pense aujourd’hui à tous mes chers élèves qui passent le bac, et à leur génie...
Mais l'envie de le dire est bien là....à tous les projets qu’on a menés ensemble. Je sais bien que certains sont en plus en difficulté que d’autres et dire qu’ils sont parfaits ne les servirait pas non plus.
La baisse objective n'implique pas la perfection antérieure : problème de logique ou bien caricature...La vie de prof, comme celle de lycéen n’est pas tous les jours facile. Mais j’en ai assez de lire des journaux qui font leurs titres sur le cauchemar de l’éducation en France. Notamment pour parler des établissements « de banlieue ». Arrêtons de nous raconter que tout était si beau, si parfait avant. Quelle est cette mythologie?
Quel rapport, encore une fois, avec la baisse de niveau ?Dans quel état est notre mémoire? Je peux vous dire que dans ma classe de cinquième, en milieu rural, en 1982, dans la Nièvre, une fille avait giflé à toute volée notre prof d’anglais en plein milieu d’un cours. Je peux vous dire que dans la classe de primaire de mon père, autour de 1948, toujours dans la Nièvre, un garçon avait planté son compas dans les fesses de l’instituteur.
C'est malheureusement déjà fait, grâce à une certaine conception de l'École.Réfléchissons au sens du mot ÉLÈVE. C’est un très beau mot, c’est un programme. Élevons nos élèves.Car tout ce qu’on risque, avec ces rengaines de niveau qui baisse, c’est de leur faire baisser les bras.
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www.franceinter.fr/emissions/le-7-9/le-7-9-31-aout-2015
J'adore cette intervention ! Comme un cadeau d'anniversaire pour les 10 ans du socle de compétences (2005/2015).
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