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L’orthographe à l'école
- Loys
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"La question de l'orthographe à l'université, une nouveauté?" (30/12/14)
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Que de nombreux exemples, mais s'agit-il bien des mêmes exigences orthographiques ? A ce sujet Claude Lelièvre fait semblant de croire que c'est le cas.Sans doute dans un autre contexte ( vraisemblablement moins en proie au délitement, et surtout moins ‘’massif’’ : à peine 1% d’une classe d’âge faisait alors des études supérieures ), le ‘’ niveau ‘’en orthographe ( et plus généralement en français ) des étudiants a été depuis très longtemps et régulièrement stigmatisé.
« Nous voudrions simplement rappeler aux candidats que la faculté désirerait ne plus avoir à corriger des fautes d’orthographe aussi nombreuses que stupéfiantes » ( Gaffarel, doyen de la faculté des lettres de Clermont, 1881 ).
« J’estime que les trois quarts des bacheliers ne savent pas l’orthographe » ( Victor Bérard, maître de conférences à la Sorbonne, 1899 ).
« Les élèves des lycées n’ont ni orthographe, ni vocabulaire exact et varié, ni connaissances grammaticales » ( Paul Lemonnier, « La crise de la culture littéraire », 1929 ).
On peut se demander ce que penserait MM. Gaffarel, Bérard, Lemonnier et Duruy de l'orhographe d'aujourd'hui...
Par ailleurs la baisse du niveau d'orthographe a été mesurée en CM2 par la DEPP de 1987 à 2007 au moins. Mais c'est sans doute être un vilain décliniste que de le constater.
Vingt fautes ? Voilà qui paraît très peu aujourd'hui... Sans parler même de leur gravité.« La décadence est réelle, elle n’est pas une chimère : il est banal de trouver vingt fautes d’orthographe dans une même dissertation littéraire de classes terminales. Le désarroi de l’école ne date réellement que de la IV° République » ( Noël Deska, « Un gachis qui défie les réformes : l’enseignement secondaire », 1956 ).
Pourquoi faire puisqu'il n'y a pas de baisse de niveau ?PS1: Une recommandation: "L'anti-manuel d'orthographe" de Pascal Bouchard (Point-Seuil)
Flaubert et Proust. Des exemples un peu trop brefs pour signifier quoi que ce soit, d'autant que ces deux auteurs n'ont soit pas connu l'école républicaine, soit ses tout débuts. Bizarrement, ce sont les deux extraits déjà cités par Pierre Greilsamer ( voir plus haut ) en 2005... Pierre Greilsamer précisait alors qu'ils avaient été écrits avant dix ans...PS2 :Quel est l’écolier de onze ans, futur écrivain célèbre qui a écrit le texte n° 1 : " Je suis dévoré d’impatience de voir le meilleur de mes amis celui avec lequel je serait toujours amis nous nous aimerons, ami qui sera toujours dans mon cœur. Oui ami de la naisance jusqua la mort " ? Quel est l’écolier de onze ans, futur écrivain célèbre qui a écrit le texte n°2 : " Mon cher grand-père pardonne moi de mon péché car j’ai moin mangé qu’a l’ordinaire j’ai pleuré pendant un cardeur après cela j’était en senglot " ?
Que M. Lelièvre consulte maintenant des copies d'élèves en fin de collège : www.laviemoderne.net/mirabilia/10-copies-non-conformes .
Sans nul doute de futurs Proust et Flaubert.
Une argumentation qui hésite entre absence de baisse du niveau en orthographe et le peu d'importance de l'orthographe. Mais sans faire de faute, bien sûr !
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"Vive la dictée 2.0" dans "Le Monde" du 19/12/14
J'aime beaucoup l'idée de la négociation...
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Dans "Le Monde" (abonnés) du 19/01/15 : "Dans les entreprises, zéro pointé en orthographe" par Gaëlle Picut.
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Pour en revenir aux entreprises, je connais des recruteurs qui mettent la lettre de motivation à la poubelle dès qu'ils voient une faute. Et ce n'est pas limité aux entreprises, d'ailleurs : Michel Desmurget m'expliquait, lorsque je l'ai rencontré il y a 3 ans, que c'était ce qu'il faisait : quand il lisait "chère monsieur", allez hop ! à la poubelle direct, et on ne regarde même pas la suite. Hors de question que je le désapprouve, d'ailleurs.
Dans mon école, notre directeur a essayé d'imposer la "certification Voltaire" : l'idée était de faire passer un concours de français aussi obligatoire et éliminatoire que celui du TOEIC en anglais. On en avait même fait la pub au JT ( voir ici ). Mais au fil des ans, c'est devenu facultatif. Allez savoir pourquoi.
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L'école suit pourtant les bons conseils de nouveaux pédagogues comme ceux de l'AFEF depuis longtemps.Cette discipline qui irrigue toutes les autres est fondamentale dans la construction de l’élève citoyen, et notre association est très préoccupée par les inégalités sociales, culturelles et également scolaires – celles que l’école produit elle-même – dont sont victimes les élèves.
Tout ceci est bien abstrait ("posture", "accompagnement", "formation")Enfin, une de nos problématiques fondamentales est également la formation des enseignants. Leur formation devrait les conduire à être davantage dans une posture d’accompagnement de l’élève. Il s’agirait là d’une formation non pas académique, mais bien professionnelle. A ce jour, la formation reçue en ESPE est très hétérogène, et bien que des initiatives soient tout à fait intéressantes, elle se heurte globalement à un manque de temps réservé à la formation pédagogique.
En effet, le volume horaire du français au collège par exemple a diminué de moitié en quarante ans.
Non, on est passé de 22h à 17h. En revanche, si l'on inclut le primaire, un tiers des heures supprimées depuis quarante ans.
Donc résumons : le premier problème, c'est l'horaire, mais la solution, c'est la formation. Et notamment à la "pédagogie".C’est ce que souligne aussi Bruno Suchaut pour le primaire : il explique ainsi que les élèves ne disposent pas en primaire du temps nécessaire à l’apprentissage de la lecture. Il faut du temps d’échange, de dialogue, avec les enseignants, surtout pour les élèves venant des milieux les plus défavorisés. Et plus généralement, ce temps d’apprentissage n’est pas le même pour chaque élève. Il est nécessaire de former les enseignants à comprendre comment cette réalité fonctionne, dans le cadre d’une formation continue qui leur permette de prendre du recul sur leur façon d’enseigner. En faisant venir par exemple un chercheur dans la classe pour observer les pratiques et en discuter ensuite.
De culpabilisation permanente des enseignants. Par contre, l'autocritique de l'AFEF, on peut toujours l'attendre...Nous prônons une véritable formation continue, en particulier par le biais de « recherche-action ». Nous proposons dans notre association de réfléchir sur nos pratiques, et d’être continuellement dans une démarche d’autocritique, d’autoformation.
Effectivement la "littérature jeunesse" aurait mieux fait de prendre la place de la grammaire !A côté du temps et de la formation, ne se pose-t-il pas également la question d’une nécessaire réforme des programmes ?
Je distingue entre programmes de collège et de lycée. Ceux de lycée sont relativement ouverts : il y a de grands thèmes d’étude, mais dans lesquels l’enseignant serait plutôt libre si le bac à la fin de la première ne transformait souvent l’enseignement en bachotage. Au collège, en 2002, il y a eu des programmes assez ouverts, balayés totalement par les programmes de 2008, qui ont opéré une régression par rapport aux avancées de la recherche. Deux exemples : on a vu apparaître dans ces programmes de 2008 la leçon de grammaire, et en disparaître la littérature jeunesse.
On se plaint des changements permanents et on propose... une nouvelle réforme orthographique : c'est très logique.Les changements de programme incessants compliquent considérablement la tâche des enseignants. Et cela se ressent d’autant plus fortement dans la discipline français, qui est au cœur des déchirements sociaux. Dès que l’on veut changer un point de grammaire ou d’orthographe, c’est une levée de boucliers.
C'est surtout qu'elle a déjà en grande partie été supprimée dans les pratiques.Les enseignants de français portent cette pression sociale forte. Si un jour vous dites : on va supprimer la dictée, imaginez les réactions !
C'est sûr que l'orthographe de l'anglais est beaucoup plus simple.Précisément sur l’orthographe, quelle est votre position ? Faudrait-il la simplifier ou du moins changer les méthodes d’enseignement ?
Cette question de l’orthographe est une spécificité française, avec laquelle nous devons travailler.
C'est vrai qu'ils n'y ont jamais songé : heureusement qu'il y a l'AFEF !Durant une période dans l’enseignement, certains aspects de son apprentissage ont été négligés. Or l’orthographe est un système dans lequel il faut entrer. Les enseignants doivent être formés à ce qu’est ce système orthographique français avec ses régularités et ses irrégularités, et doivent avoir du temps pour se focaliser avec leurs élèves sur ce système-là.
Non, il ne s'agit pas de réfléchir mais au contraire de donner des automatismes. La pédagogie du "sens", on voit où elle nous a menés.La dictée n’est pas un moyen d’apprendre l’orthographe, mais de la fixer. Il s’agit plus d’amener les élèves à réfléchir sur un texte écrit et à voir comment cela fonctionne. Il faut absolument prendre le temps de le faire.
Quel dommage ! Heureusement l'oral a pris une bonne place dans les programmes et dans le LPC depuis vingt ans.D’autant qu’en France il est vrai que le français est plus une langue de l’écrit qu’une langue de l’oral dans l’enseignement.
C'est-à-dire ?Dans notre association, nous sommes pour une simplification de l’orthographe. Et si la société veut continuer à maintenir la pression sur la norme orthographique, alors qu’elle donne les moyens à l’école.
Effectivement.Il faudrait également arrêter de se focaliser sur les programmes. Mais davantage se focaliser sur ce qu’apprennent les élèves.
Il faudra m'expliquer la différence avec un programme.La logique de programme en effet est difficilement compatible avec l’idée de conduire la classe, c’est-à-dire tous et chacun, à un certain niveau.
L'oral est l'aspect le plus valorisé dans les réformes pédagogiques récentes : cf histoire des arts, TPE etc.Pourquoi ne pas entrer plutôt dans une logique de curriculum ? Les élèves aujourd’hui écrivent peu et parlent peu en classe. Il serait souhaitable de les faire pratiquer.
Passons de l'enseignant qui perpétue une tradition d'enseignement à l'enseignant chercheur, qui, faisant tabula rasa de cette tradition, invente chaque jour son enseignement !Concrètement aujourd’hui, pourriez-vous proposer une première piste pour améliorer l’enseignement du français ?
Oui, ce serait de favoriser la formation continue des enseignants, mais de l’accompagner impérativement de recherche-action.
Si une pratique est "nouvelle", c'est qu'elle est bonne.Sans la mise en œuvre de nouvelles pratiques, cela ne sert à rien. Prenons l’exemple des maîtres supplémentaires au primaire. Cette initiative est formidable si elle s’accompagne de nouvelles pratiques. Mais si le maître supplémentaire refait la même chose que son collègue, ou si par exemple dans le cadre d’un travail en demi-groupe, il refait la même chose qu’en classe entière, l’efficacité est limitée.
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