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L’orthographe à l'école
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www.franceculture.fr/emissions/hashtag/l...ngoisse-du-quotidien
Extrait :
Patricia Bonnard est professeure de français depuis 1993 et enseigne au collège Louis Leprince-Ringuet de Genas, près de Lyon. Cette enseignante passionnée par son métier a créé sa chaîne Youtube et tient un blog depuis 5 ans, "le français, c'est pas que des dictées", référence à une remarque qu'elle entendait souvent lors de réunions parents-profs : "on lui a fait travailler le français pendant les vacances, il a fait des dictées tous les jours... Mais pour moi, ça m'apparaissait plutôt comme un cauchemar ! Un gamin qui n'aime pas le français et à qui on inflige des dictées, ça doit être quelque chose de terrible." Elle répliquait alors, "le français, ça n'est pas que des dictées, c'est plein d'autres choses".
"Je continue à pratiquer la dictée mais en changeant la forme, avec la dictée inversée par exemple : j'annonce aux élèves "voilà pour l'instant, vous avez 10/20, il y'a dix fautes dans ce texte, si vous les trouvez et que vous les corrigez, vous arrivez à 20/20. Mais inversement, si vous rajoutez des fautes qui n'existent pas, vous perdez des points". En faisant cela, on change la position de l'élève qui devient correcteur et donc acteur de ce qu'il écrit. Par ailleurs, je me suis rendu compte que lorsque j'annonçais "dictée" aux élèves, ils avaient tendance à "poser leur cerveau", à écrire de manière mécanique. Ils oublient que le texte a un sens... Généralement donc, je leur fais la lecture, je leur demande "de quoi ça parle ?" afin qu'ils comprennent le sens et qu'ils se trompent moins dans les accords. Enfin, un exercice que j'aime beaucoup, c'est d'utiliser les tweets de "Bescherelle ta mère", ce compte Twitter (exemple ci-dessous) qui tourne en dérision les fautes des autres : je demande aux élèves de les trouver !"
"Le français est un instrument d’émancipation, de liberté", résumait Patricia Bonnard dans un portrait que lui consacrait les Cahiers pédagogiques en avril. En classe, elle invite également des écrivains ("la littérature, c'est aussi des auteurs vivants !"), comme Françoise Guérin, auteure de polars lyonnaise, elle propose aux collégiens d'écrire leurs propres nouvelles, de rédiger un roman policier collaboratif, etc. A force de faire écrire ses élèves, elle a attrapé le virus et vient de publier un roman sous son nom de jeune fille "Bienvenue dans la jungle", et qui met en scène une professeure de lettres atypique, "un polar romantico-humoristique, un peu sniper sur les bords, se déroulant à Lyon".
"Patricia Bonnard : l'orthographe a toujours été un marqueur social. Le fait d'écrire bien, sans faute, vous inscrit forcément dans une certaine forme d'élitisme. Mais concernant la baisse du niveau des élèves, je vais parler en tant qu'enseignante, quand j'ai commencé en 93, on était plus près de 6 ou 7 heures de français par semaine. Aujourd'hui, on est à 4 heures donc forcément, le niveau a baissé..."
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Caroline Viriot-Goeldel et Catherine Brissaud
Enseigner et apprendre l’orthographe aujourd’hui [Texte intégral]
Elisa Farina
La dictée : un outil d’apprentissage de l’écriture et de l’orthographe ? [Texte intégral]
Guénola Jarno El Hilali, Marie Nadeau et Carole Fisher
L’effet des dictées métacognitives-interactives sur la compétence à orthographier les homophones grammaticaux en rédaction [Texte intégral]
Intégrer la « dictée sans erreur » dans les activités de lecture-écriture : une expérimentation au premier degré différencié de l’enseignement secondaire belge [Texte intégral]
Sandrine Wattelet-Millet
Développer les compétences morphographiques des élèves de CE1 : les effets d’un dispositif de révision collective, la dictée « révisée » [Texte intégral]
Catherine Brissaud, Caroline Viriot-Goeldel et Claude Ponton
Enseigner et apprendre l’orthographe avec la « Twictée » [Texte intégral]
Premiers résultats de l’évaluation d’un dispositif innovant d’enseignement de l’orthographe
Prisca Fenoglio
Le hashtag pour catégoriser les erreurs d’orthographe au cycle 3 : un hiatus entre objectifs pédagogiques et appropriations des élèves [Texte intégral]
Lucile Cadet, Jacques Crinon et Georges Ferone
Former au raisonnement orthographique. Conceptions d’enseignants du cycle 3 [Texte intégral]
Thierry Geoffre et Mireille Rodi
Verbalisations du raisonnement métalinguistique lors d’interactions logopédiste-enfant autour d’un jeu grammatical en ligne [Texte intégral]
Eugénie Sévely et Marie-Laure Elalouf
Les effets d’une formation filée sur le regard professionnel, les pratiques pédagogiques des enseignants de cycles 2 et 3 et les résultats de leurs élèves en orthographe grammaticale [Texte intégral]
Solenn Petrucci
Pratiques de l’orthographe chez quatre enseignantes genevoises : des traces aux discours [Texte intégral]
Dans le "Café pédagogique" du 22/06/20 : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...284066745684222.aspx
On se demande comment les élèves appliquaient sans comprendre l'orthographe grammaticale ou ce que comprendre veut dire s'agissant de l'orthographe lexicale...Enseigner l’orthographe en 2020
« Repères », revue de recherches en didactique du français, consacre son nouveau numéro à l’enseignement de l’orthographe à l’école et au collège. Il s’agit notamment de percevoir combien se transforment actuellement les pratiques pédagogiques en la matière : un recours plus marqué à la collaboration entre élèves, le passage d’une tradition de mémorisation et d’application à une exigence de raisonnement et de compréhension du système linguistique, l’intégration progressive du numérique. « Ces évolutions, soulignent Caroline Viriot-Goeldel et Catherine Brissaud, nécessitent la maitrise de compétences de la part des enseignants que la formation devrait mieux prendre en charge, par exemple avoir des connaissances solides du fonctionnement du système d’écriture ou développer sa capacité à comprendre les raisonnements des élèves et à les faire évoluer. »
Remise en cause de la dictée traditionnelle (inefficace et démotivante), promotion de "nouvelles dictées", ludification, numérisme (numérique "source de motivation"), "collaboration entre élèves"... Bref, le constructivisme ("l’enseignement de l’orthographe semble ainsi prendre une orientation d’inspiration socio-cognitiviste"), encore et toujours plus. A ce sujet, si l'article introductif mentionne que "plusieurs études ont révélé une baisse du niveau moyen des performances orthographiques des élèves en France" ( c'est peu de le dire... ), il ne cherche absolument pas à en analyser les causes, ce qui serait pourtant intéressant puisqu'on est passés dans les décennies correspondant à cette baisse d'un enseignement traditionnel à un enseignement de plus en plus constructiviste.
De la même façon, il évoque "les transformations actuelles [des pratiques de l'enseignement de l'orthographe] et ce qu’elles requièrent en termes de développement professionnel des enseignants", mais nulle part ou presque n'évalue leur efficacité. Il suffit qu'elles soient nouvelles. Il s'agit d'"avancer sur la route d’un renouvèlement des pratiques d’enseignement de l’orthographe : au vu de la baisse maintenant avérée du niveau orthographique des élèves du primaire et du secondaire, ce renouvèlement apparait comme nécessaire" et trois articles de ce dossier sur dix, en conséquences de ces pratiques, sont consacrés à la formation des enseignants.
Quand elle existe, la réflexion (pourtant fondamentale) sur l'efficacité de ces pratiques est très euphémistique : "Les preuves manquent encore de l’efficacité de certains dispositifs qui apparaissent comme très pertinents pour leurs concepteurs." ; à propos de la "twictée", "Les entretiens réalisés par Cadet, Crinon et Ferone mettent toutefois en évidence une dynamique qui touche plus les modes d’organisation pédagogique et l’intégration du numérique dans les pratiques d’enseignement que l’appropriation des savoirs de référence" ; "La question de leur efficacité pour les élèves repérés comme fragiles [...] doit continuer à faire l’objet de recherches." mais après leur promotion !
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Peut-on juste rappeler ce que vous faites : proposer de faire payer à des établissements d'enseignement pour qu'ils remplissent une partie de leur mission. Recruter des clients en proposant un test gratuit évidemment fabriqué pour multiplier les erreurs.Pour cela, passer par une conception rigide de l'orthographe afin de la rendre disponible à l'évaluation chiffrée et statistique.
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Béatrice Kammerer écrit: Petite confession personnelle car je vois régulièrement passer ce genre de cahiers, avec ce genre de remarques... Au hasard d'un grand ménage de printemps dans la cave de mes parents, j'ai pu récupérer mes cahiers d'école. Je ne peux pas dire qu'ils sont aussi "beaux" que celui mis en exemple, mais quand même. En CE2, il y a des pages et des pages d'écriture manuscrite, sans faute d'orthographe, sans rature (ou si peu), d'une écriture bien régulière. Aucun de mes enfants n'a un cahier qui ressemble à ça. Et pourtant, quand on y regarde de plus près, on observe ici et là, une petite tâche plus claire sur le cahier cette petite tâche c'est celle de la pointe de l'opinel de ma maîtresse, avec lequel elle grattait délicatement l'encre de nos cahiers quand, par malheur, nous avions fait une petite faute. Car quand c'était le cas, il fallait bien évidemment trouver le courage de lui dire avant qu'elle s'en aperçoive, de prendre le risque de ses remontrances, de ses moqueries proférées à voix haute sous les "oooouuuuuuhhh" de la classe (oui, c 'était autorisé). Et si on ne voit que de petites tâches ici et là, c'est simplement parce que si l'erreur commise concernait plus d'un mot ou deux, c'était la page entière qui partait à la poubelle. Alors pendant que d'aucuns pleurnichent sur les splendeurs d'antan, je dois vous rappeler combien de larmes, de peines, d'humiliation, elles ont pu coûter à leurs petits auteur-ice-s. Et je ne parle pas des fois où les réprimandes et pages arrachées étaient jugées d'insuffisantes punitions, et où il fallait en plus aller en tremblant frapper dans la classe de la directrice, pour qu'elle ajoute sa couche aux remontrances. Il n'y absolument rien de cette expérience que je regrette, absolument rien dont je pense qu'elle m'a permis de devenir une personne meilleure, et absolument rien que je souhaite aux jeunes générations de vivre.
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Autre remarque relativiste absurde :
Une de mes interviewées de la semaine dernière me disait: "C'est quand même dingue: quand on enfant, il est interdit de "mal" écrire, alors que quand on devient médecin, plus personne ne nous dit rien".
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M. Benzitoun, qui montre ici sa profonde méconnaissance de l'histoire de l'école ainsi que de sa réalité actuelle, multiplie les sophismes dans cette tribune. Analysons-les un par un.
Qui dit "épouvantail" dit absence de vérité. Nous verrons que cette absence de vérité se trouve par la suite quelque peu contredite dans la tribune de M. Benzitoun.La faible maîtrise de l’orthographe est l’un des épouvantails des débats sur l’école.
La "baisse des résultats" en orthographe en fin de primaire est documentée assez précisément par la DEPP entre 1987 et 2015 : elle est d'ailleurs impressionnante.Et dans ce domaine comme dans d’autres, il se dit que c’était forcément mieux avant.
Le sophisme est particulièrement grossier (l'"usage virtuose" est une variante de l'âge d'or scolaire) : pour faire oublier une baisse évidente, se référer à une chute imaginaire depuis une perfection dont personne n'a jamais prétendu qu'elle existait.Or, aucune recherche n’a jamais démontré l’existence d’une époque où une majorité de Français en faisait un usage virtuose, ce qui n’est guère étonnant eu égard à son extrême difficulté.
Plutôt que la période récente, M. Benzitoun préfère les références très anciennes : il y a une raison à cela.Mais comment y remédier ?
D’après une étude de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) datant de 1996, un quart des élèves faisait une ou zéro faute aux dictées du certificat d’études dans les années 20.
Nous y voilà : prouver que la comparaison n'a pas lieu d'être revient à dire qu'il n'y a - au fond - pas de dégradation des compétences orthographiques des élèves et que c'est un faux débat ("l'un des épouvantails des débats sur l'école").Mais il faut savoir qu’à cette époque, seul un élève sur deux passait ce diplôme.
Problème logique : si c'est un faux débat, un "épouvantail", et que le mal n'existe pas... pourquoi proposer un "remède" ?
Nous avons vu que M. Benzitoun ne souhaite pas évoquer la baisse 1987-2015, parfaitement comparable puisqu'elle concerne les mêmes niveaux, en fin de primaire.
Mais même son objection sur le certificat d'étude n'est pas recevable, comme nous allons le voir.
Certes, mais dans les années 30 la moitié des élèves l'obtenaient (et donc plus de la moitié le présentaient). Un nombre très important donc d'élèves de primaire ou de primaire supérieure avaient une très bonne maîtrise de l'orthographe, d'autant que les élèves des lycées, d'un niveau scolaire supérieur, n'avaient pas vocation à présenter le certificat d'études : celui-ci concernait donc les classes moyennes et les classes populaires, dont plus de la moitié donc obtenaient le certificat. Rien n'indique par ailleurs que les élèves qui n'étaient pas présentés avaient un très mauvais niveau...On ne présentait que les meilleurs.
M. Benzitoun a raison sur le principe mais les chiffres sont erronés : plus de 2500h d'enseignement du français en primaire dans les années 20 et plus de 1600h aujourd'hui (après une baisse à 1300h en 2002). Il semble (les "matières enseignées") que M. Benzitoun donne ici les chiffres du collège (630h aujourd'hui), ce qui n'a guère de sens puisque le certificat d'études se passait à l'issue de l'école primaire...De plus, le nombre de matières enseignées était plus limité et le nombre d’heures d’enseignement plus important (environ 1 300 heures par an à l’époque contre 860 heures aujourd’hui).
Difficile de comprendre : ce serait un vrai sujet de débat, et non un "épouvantail" ?En un siècle, une baisse avérée du niveau
Nouvelle objection absurde, comme nous l'avons vu : l'étude 1987-2015 de la DEPP concernait... le seul primaire. Le certificat d'étude s'obtenait également à l'issue du primaire.Il faut également prendre en compte le fait que, depuis les années 20, le nombre d’élèves continuant des études après l’école primaire a très fortement progressé, jusqu’à atteindre un peu moins de 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat.
En réalité, la démocratisation de l'enseignement secondaire allant de pair avec les difficultés orthographiques des élèves ne peut que consterner : beaucoup plus d'années à l'école, moins de compétences orthographiques...
La baisse est beaucoup plus récente, comme nous l'avons vu : elle est même postérieure à la mise en place du collège unique, dans une école donc démocratisée.Ainsi, même si l’on peut déplorer une baisse de niveau en orthographe avérée en un siècle à l’école, jamais autant de Français n’ont appris à lire et à écrire qu’à l’époque contemporaine.
Pour le reste l'affirmation "jamais autant de Français n’ont appris à lire et à écrire qu’à l’époque contemporaine" est absurde puisque l'école primaire était déjà obligatoire à la fin du XIXe siècle, sauf à penser que le collège a vocation à apprendre à lire et à écrire !
Relativisme se voulant iconoclaste (déclinaison du "Niveau monte") mais dépourvu de sens, comme on l'a vu...Dit autrement, les meilleurs en orthographe étaient plus performants il y a un siècle, mais plus d’élèves savent aujourd’hui écrire.
M. Benzitoun se penche enfin sur la dégradation récente des compétences orthographiques, entre des cohortes parfaitement comparables.Cependant, un chiffre interpelle : les élèves de troisième de 2005 ont le même niveau en dictée que ceux de cinquième vingt ans plus tôt. Et les résultats observés en 2015 montrent que la baisse a continué.
Le raisonnement de M. Benzitoun laisse pantois : ce serait tout simplement la complexité de l'orthographe française (pourtant inchangée entre 2005 et 2015) qui expliquerait la baisse. A ce compte, la dégradation des compétences de calcul pourrait s'expliquer par la complexité du calcul !Cela n’est guère une surprise. Dès 1965, la commission Beslais rendait un rapport sur l’intérêt de simplifier l’orthographe pour endiguer une dégradation rapide du niveau. Cette proposition s’est concrétisée vingt-cinq ans plus tard à travers les rectifications orthographiques mais celles-ci se sont peu diffusées.
Autre aberration de raisonnement de M. Benzitoun, décidément bien loin de la réalité des classes : les rectifications orthographiques, qui ne sont qu'à la marge, n'ont que peu de rapport avec les difficultés de plus en plus prononcées des élèves, difficultés concernant autant l'orthographe lexicale que syntaxique.
Aucune rectification ne propose de transformer l'imparfait ou l'infinitif en participe passé...
Avec des propositions renonçant à un enseignement exigeant de l'orthographe, comme nous allons le voir.Or, quand on sait l’importance que revêt la maîtrise de l’orthographe pour l’insertion professionnelle, il y a urgence à faire de cette cause une priorité nationale.
"impossible à acquérir" durant le seul temps scolaire : il était pourtant relativement acquis pendant la seule école primaire... On se demanderait presque par quel miracle M. Benzitoun est parvenu à acquérir cette orthographe.Rapprocher l’écriture de la prononciation ?
L’orthographe française est une des plus difficiles au monde à cause, principalement, du nombre très important de lettres muettes. Un système d’écriture alphabétique a normalement pour objectif de représenter les phonèmes d’une langue. Pour le français, le principe phonographique n’est observé que très partiellement. A cela s’ajoute un manque de régularité des graphies. Tout ceci rend incontournable un long et fastidieux apprentissage, impossible à acquérir durant le seul temps scolaire, ce qui est source d’importantes inégalités.
Comme nous l'avons vu, cette même orthographe posait beaucoup moins de difficultés en 1987 ou en 2005 qu'en 2015. C'est donc identifier une cause totalement artificielle aux difficultés des élèves.
D'autant qu'on ne parle pas ici des erreurs les plus répandues et les plus graves des élèves, celles concernant l'orthographe syntaxique.
C'est de toute façon un faux problème (mais on voit bien que c'est ce point de la simplification de l'orthographe qui motive en réalité la tribune de M. Benzitoun.Cela fait très longtemps que les spécialistes de la question sont conscients des défauts de notre orthographe, mais les tentatives de réformes pour rapprocher l’écriture de la prononciation ont toutes échoué. De toute façon, les modifications nécessaires pour limiter significativement les difficultés d’apprentissage de l’écrit sont telles qu’elles sont hors de portée à court terme. Et les expériences du passé montrent qu’elles auraient du mal à être acceptées aussi limitées soient-elles.
En primaire le temps scolaire a été réduit en général, et sur ce temps scolaire on a ajouté des enseignements qui n'y ont pas leur place comme celui de l'anglais (une langue dont l'orthographe lexicale est, au demeurant, bien plus complexe que celle du français).On peut augmenter le nombre d’heures consacré à l’enseignement du français comme le propose Valérie Pécresse (deux heures de plus par semaine dans son programme). Mais cela ne peut se faire qu’au détriment d’autres matières, ce qui aurait pour effet pervers une baisse des connaissances globales.
Il est vrai que les politiques de réduction du temps scolaire ont montré une grande efficacité : le progressisme moderne, dans sa vision simple et naïve du cours de l'histoire et de son progrès, ne peut pas considérer qu'une évolution négative est peut-être à reconsidérer.A moins d’accroître le temps scolaire, ce qui irait à l’inverse des politiques menées depuis plus d’un siècle. Et rien ne permet de dire que cela serait suffisant.
Heureusement, M. Benzitoun a une solution révolutionnaire : puisqu'on constate des difficultés (accrues) en orthographe, pourquoi tout simplement ne plus les considérer comme des difficultés ?!
Le sens de cette comparaison ("comme n’importe quelle autre dimension de la langue") est assez nébuleux.Tenir compte de la variation
Pourtant, une solution existe qui ne demande ni de gros investissements ni de grandes réformes pour des effets bénéfiques immédiats. Il s’agit simplement de traiter l’orthographe comme n’importe quelle autre dimension de la langue, à savoir tenir compte de la variation.
Nouveau sophisme de M. Benzitoun, qui réduit encore une fois l'orthographe à l'orthographe lexicale.La variation est consubstantielle aux langues vivantes et elle représente le moteur principal de leur évolution.
Observons d'abord que la langue écrite a assez peu évolué depuis qu'elle a été fixée dans l'intérêt de tous : c'est pour cette raison que nous pouvons lire des auteurs anciens. Et, en l'occurrence, l'"évolution" ne vaut que quand elle est partagée par un grand nombre d'utilisateurs. Une "variante" individuelle ne constitue en rien une "évolution"...
Toute orthographe deviendrait magiquement correcte !Ainsi, il faudrait faire preuve de plus de tolérance et considérer les écarts non comme des fautes mais comme des variantes.
"Le soir tomber, Papa et Maman, inquier, ce demandé pourquoi leur quatres garson n'été pas rentrez."
Des discussions qui se justifiaient... par la nécessité de fixer pour tous une norme simplifiant la langue écrite (et appelée à juste titre "orthographe"). Mais - paradoxe du progressisme ! - M. Benzitoun rêve, en linguiste audacieux, de revenir au temps archaïque où l'orthographe n'existait pas !Il s’agit, en réalité, simplement d’appliquer les textes législatifs en vigueur depuis 1900 (arrêté du ministre de l’Instruction publique de l’époque Georges Leygues) actualisé en 1976 par René Haby, ministre de l’Education nationale. Et de renouer avec le français tel qu’il était conçu jusqu’au XVIIe siècle où l’orthographe était vivante et un sujet d’intenses discussions.
Un degré seulement ? Avec des "variantes" acceptables et d'autres qui ne le seraient pas ? En vertu de quelles normes nouvelles ? Bref, une tolérance qui ajouterait de la complexité et de l'incertitude...Définir un degré de tolérance
Dans cette perspective, il suffit de définir un degré de tolérance acceptable et un rapport moins fétichiste à l’orthographe.
Au demeurant, M. Benzitoun ne mesure pas bien, du haut de sa chaire académique, quelle "tolérance" orthographique a déjà cours dans l'école à tous les niveaux de la scolarité. Cette même "tolérance" (une variante de la bienveillance scolaire) est sans doute même une raison plus sûre de la dégradation des compétences que la difficulté - rigoureusement inchangée - de notre langue.
En renonçant à un enseignement exigeant de la langue, c'est exactement l'inverse que l'on préparerait pour les élèvesCela transformerait durablement notre représentation de la langue. L’orthographe occuperait une place moins centrale et aurait moins de poids sur les destinées des élèves.
C'est le principe des dictionnaires et des grammaires : suivre l'usage quand il s'impose dans la langue.On pourrait aussi observer quels sont les usages qui se manifestent et faire évoluer en conséquence les ouvrages de référence listant les différentes variantes.
M. Benzitoun semble donc revenir à la raison : on voit ici que les "variantes" ne valent que si elles sont partagées.
Au demeurant, M. Benzitoun est resté jusqu'ici très général, sans prendre d'exemple concret des difficultés des élèves, mais en voici un enfin :
L'accord de proximité, par ailleurs accepté dans les grammaires, est parfaitement anecdotique dans les difficultés des élèves...Par exemple s’apercevoir qu’il existe un accord de proximité bien vivant à côté de l’accord au masculin (ce que l’observation des textes démontre). Un vent de liberté soufflerait sur la langue française et une plus grande égalité se ferait jour parmi les élèves.
Au reste, s'agissant d'"une plus grande égalité", c'est plutôt vers un effacement du féminin que les usages des élèves "évoluent" : "ils" remplaçant "elles" à l'oral, les accords féminins étant négligés etc.
Dernier sophisme de M. Benzitoun avec ce curieux emploi du verbe "démocratiser" : il ne s'agit pas de faire en sorte que tous, par le patient travail de l'éducation, puissent accéder à l'orthographe mais que cet accès devienne dépourvu de sens. Au même compte, pour lutter contre la "fétichisme" du permis, on pourrait démocratiser l'apprentissage de la conduite en autorisant les variantes de circulation...Cent quarante ans après la loi Jules Ferry rendant l’instruction obligatoire, l’heure est venue de démocratiser l’orthographe en conjuguant enfin le passé et le présent.
Avec cette énième tribune contre l'orthographe, au nom des plus belles intentions, un nouvel exemple de la trahison des clercs.
Avec cynisme, M. Benzitoun, auteur de Qui veut la peau du français ? déclare d'ailleurs : "Si la langue française risque de disparaître, ce n’est pas à cause de mauvais locuteurs, comme le pensent certains, mais des défenseurs trop pointilleux du bon usage".
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