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L'anti-"déclinisme" : Chroniques d'hier et d'aujourd'hui
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Et dans "Le Monde" du 16/12/16 : "Le niveau des diplômes a-t-il baissé en France ? Pas si simple…"
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« Nos étudiants sont bons », souligne toutefois Etienne Arnoult. Le déficit de méthodologie et la maîtrise des fondamentaux se rattrapent dans la majorité des cas. A la fin du premier trimestre, la majorité des étudiants en échec a rattrapé en marche le train de sa promotion. « Les étudiants d’aujourd’hui n’ont pas moins de compétences que leurs aînés, ils en ont d’autres », précise Isabelle Schanen. Moins agiles en calcul, moins à même de faire une projection géométrique, « ils sont plus à l’aise à l’oral, se révèlent meilleurs communicants et ont acquis une dextérité avec les outils informatiques qui laisse loin derrière même leurs professeurs », reconnaît l’enseignante.
« Le centre de gravité de leurs compétences a été déplacé, appuie Dominique Barchiesi. Dans les années 1990, la terminale S préparait les lycéens pour en faire des bêtes à concours, pas des ingénieurs. Une école doit prendre en compte dans son cursus l’organisation de l’entreprise, les composantes humaines, relationnelles, le marketing… C’est un fonctionnement complexe, dont la partie scientifique n’est qu’une composante. » L’ingénieur est un chef d’orchestre plus qu’un soliste, « il doit maîtriser les outils de calcul et mener une analyse pertinente des résultats, poursuit M. Barchiesi, la maîtrise des mathématiques doit être intégrée comme une école de rigueur ».
Au fil de leur cursus, les élèves ingénieurs sont menés aussi haut que ceux qui les ont précédés, assure Etienne Arnoult : « A la fin, les ponts qu’ils construiront, il faut qu’ils tiennent. »
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A lire sur le blog de Grégory Chambat du 9/02/17 : "Esquisse d’une bibliographie de "l’antipédagogisme" : 1978 - 2016"
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- "Au procès de l’école, des professeurs témoignent" (abonnés)
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www.lemonde.fr/campus/article/2017/02/18...5081655_4401467.html
www.lemonde.fr/campus/article/2017/02/18...5081654_4401467.html
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Accusé par qui ? Pas par les professeurs, laisse penser l'article (et le dossier), qui en fait témoigner certains.Au procès de l’école, des professeurs témoignent
Le système éducatif est accusé, au fil des réformes, de renoncer à l’exigence. Pas si simple, pour les enseignants qui témoignent au « Monde ».
De fait, il faudrait rappeler l'opposition saisissante et massive des enseignants à toutes les mauvaises réformes que le ministère a voulu imposer à l'école.
Caricature insultante pour les professeurs de lettres classiques : les options de langues anciennes devaient bien disparaître (comme le Capes de lettres classiques) et "Le Monde" n'a guère enquêté sur leur mutilation avec la réforme.
On trouve donc pêle-mêle des défenseurs des langues anciennes ou de l'analyse fonctionnelle avec des opposants au collège unique et à la démocratisation de l'école...
Intéressant glissement : le "déclinisme" ne concerne plus les résultats de l'école en général (il devient difficile de les occulter) mais devient une opposition politique à une majorité...C’est une petite musique décliniste qui aura marqué tout le quinquennat de François Hollande : l’école, telle que la gauche l’a « refondée », a renoncé à l’exigence.
Comme dans l'illustration de l'article, constater que l'école, "c’était mieux avant" (en 1987 par exemple), c'est vouloir revenir à l'école d'avant le collège unique en 1975 ou s'opposer à la mixité scolaire...Comme tous les refrains, il est aussi facile à retenir qu’il semble sonner juste, en tout cas aux oreilles de ceux pour qui l’école, « c’était mieux avant ». Cette école du passé, pensée pour une petite frange d’une génération – et non, comme aujourd’hui, pour la grande majorité –, repose sur une bonne part de fantasme : le mythe de l’élitisme républicain et de l’égalité des chances.
Quel affreuse "petite musique décliniste" !Mais le constat récurrent d’inégalités scolaires records, d’un niveau des élèves en chute libre en mathématiques et d’une maîtrise de l’orthographe toujours plus problématique alimente les critiques.
Constater que les nouveaux "rythmes" scolaires ne profitent en réalité à personne, que les EPI portent préjudice à l'enseignement de tous (et surtout des plus faibles), que "l'accompagnement personnalisé" en classe entière n'aide pas les élèves les plus en plus difficulté, que les réformes affaiblissent l'enseignement public au profit de l'enseignement privé, ce serait donc de l'élitisme.C’est simple : toutes les réformes éducatives depuis cinq ans ont fait naître, chez leurs détracteurs, le même reproche : celui de « niveler » l’enseignement « par le bas ». De privilégier le « peu pour tous » au « meilleur pour les meilleurs ». L’égalitarisme au détriment de l’élitisme.
On attend l'enquête du "Monde" sur la fatigue diminuée des élèves ou les progrès scolaires.Le changement de rythmes scolaires ? Il a transformé l’école en une vaste garderie.
"Le Monde" ne va évidemment pas jusqu'à pointer la contradiction entre le catastrophisme du ministère quand il s'agit de PISA ou de la nécessaire "refondation" de l'école et les résultats miraculeux au brevet ou au bac ou la forte baisse du décrochage.La réforme de l’évaluation ? Elle a gommé, sous couvert de « bienveillance », les valeurs de mérite et d’effort.
Rares sont les professeurs qui ont défendu le "roman national" : il s'agit ici d'une opposition bien plus politique.Les nouveaux programmes ? Ils ont effacé des pans de notre histoire, relégué à l’arrière-plan nos grands hommes, mis à mal le « roman national ».
Accusé... par les professeurs eux-mêmes, comme l'ont montré tous les sondages depuis 2015 . Mais l'article se garde bien de le rappeler.Mais c’est le collège tel que Najat Vallaud-Belkacem l’a réformé qui a fait naître les polémiques les plus vives, accusé, pêle-mêle, de saccager les humanités, de condamner l’allemand à disparaître, de « saupoudrer » d’enseignements interdisciplinaires (les fameux « EPI ») les élèves.
L'accusation vient donc "des réseaux sociaux", cette entité désincarnée dont les professeurs sont évidemment absents.Au fil des mois, les réseaux sociaux, les médias ont alimenté la machine à controverses, faisant resurgir les vieilles querelles – celles opposant les méthodes, les disciplines… En faisant émerger de nouvelles, aussi, au nom de l’accent circonflexe, du trait d’union, du « prédicat ».
On a, dans cet article, un bel exemple de politisation implicite des questions scolaires.Dans un pays où l’école est un terrain de jeu politique...
Il faut être sacrément myope sur les questions scolaires pour ne pas voir que, derrière quelques sujets d'opposition, les majorités se suivent et se rassemblent au ministère de l'éducation....et tangue d’une alternance à l’autre...
L'article ne va pas jusqu'à rappeler les sondages, la mobilisation des enseignants, les rejets de la réforme ou des programmes au Conseil supérieur de l'éducation......le procès fait à la gauche a transcendé les clivages partisans. Aux attaques des ténors de la droite, aux protestations des syndicats d’enseignants, se sont mêlées beaucoup d’autres voix. C’est Jean-Marc Ayrault, ex-enseignant d’allemand, qui, en avril 2015, s’alarme du sort des sections bilangues. Jack Lang qui, en mai 2015, appelle à ne pas « décapiter » les classes européennes....
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- Loys
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Doux euphémisme pour des "acteurs" qui ont manifesté leur rejet massif de réformes antipédagogiques.Préoccupation fondamentale et permanente des responsables politiques français, l'école ne cesse d être l'objet de projets de transformations par les gouvernements qui se succèdent, au point parfois d'en lasser les principaux acteurs.
Crédo qui a toujours été celui des "progressistes" refusant de voir les régressions qu'ils ont engendrées ("Le niveau monte"). Et puis les "plaintes", ce sont également celles de ceux qui subissent ces réformes dont les "progressistes" sont les initiateurs : à quoi bon les entendre ?Essayons de rompre avec les plaintes, les flagellations habituelles et la défiance si courante dans notre modèle de pensée.
Quel rapport avec la "refondation" ?Osons afficher les avancées, ce que la loi de refondation autorise et permet. Citons, entre autres, un droit reconnu à l'éducation pour tous, une scolarisation massive, un long processus de démocratisation...
...une structure tendant au désenclavement de l'enseignement technique et professionnel et à la fusion de l'enseignement général et technologique...
Des progrès, sans nul doute !Regardons aussi ce qui échappe sans doute aux statistiques : l'évolution des pratiques pédagogiques, la formation des acteurs, l'autonomie des établissements, les politiques locales...
Le déni ne peut plus être, compte tenu de la publication d'évolutions alarmantes des résultats (DEPP. CEDRE, TIMSS, PISA). Mais il est intéressant de noter combien cette phrase prend la précaution de ne pas souligner cette évolution négative depuis 1987 par exemple : "la massification a posé et pose encore problème à l'école".Reconnaissons aussi que la massification a posé et pose encore problème à l'école, interrogeant sa capacité à inclure tous les jeunes et à faire réussir tous les élèves.
En témoigne la politique de l'éducation prioritaire, la suppression du redoublement ou de l'aide personnalisée en 2016 pour une fiction d'"accompagnement personnalisé".Notre système éducatif est toujours aussi asymétrique : le soutien aux plus fragile, est encore une des principales variables d'ajustement budgétaire.
Appréhendons, appréhendons...Entre les ambitions affichées, les textes législatifs et la réalité de terrain, ne faut-il pas comprendre et mesurer les tensions qui habitent l'école pour appréhender à la fois les freins et le, champs du possible ?
Avec les pédagogies désormais imposées aux équipes éducatives, on peut en douter fortement.Autrement dit, l'école, aujourd'hui, se donne-t-elle les moyens d'accueillir et de faire réussir les élèves qui ne sont pas, a priori, dans les codes de la réussite des élites ?
On notera que la réussite scolaire semble secondaire face à ces nouveaux objectifs de l'école. L'intégration par l'école est désormais celle du "vivre ensemble".Dans le contexte actuel, européen et mondial, l'école doit se saisir de la question de la diversité et mettre en œuvre des pratiquer qui vont permettre d'expérimenter des liens sociaux nécessaires à la vie démocratique. Comment l'école peut-elle promouvoir des valeurs de « vivre ensemble » et de « faire ensemble » dans un contexte de ségrégation scolaire de plus en plus marqué ?
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Thomas Guénolé, "Politologue (PhD). Enseignant à @sciencespo" , le 20/01/17 sur "iTélé", reprend les mêmes arguments habituels (vers 20') :
Commentons :Thomas Guénolé écrit: Le taux d'illettrisme est plus élevé chez les quinquagénaires, chez les quadragénaires que chez les jeunes d'aujourd'hui. Donc dire que c'était mieux avant, ce n'est factuellement pas vrai. Ensuite, les Français diplômés du supérieur, aujourd'hui c'est 44% des Français au total. Les Européens, c'est 35%. [...] On emmène les élèves moins haut, c'est vrai [...] mais on y emmène plus de monde donc le niveau moyen a augmenté.
L'illettrisme se mesurant à l'issue de la scolarité, difficile d'en conclure quoi que ce soit puisque les scolarités n'ont pas été les mêmes. Le recul de l'illettrisme démontre moins les progrès de l'école que les progrès de la scolarisation (avant six ans et après quatorze ans) depuis les années 1940-1950...Le taux d'illettrisme est plus élevé chez les quinquagénaires, chez les quadragénaires que chez les jeunes d'aujourd'hui. Donc dire que c'était mieux avant, ce n'est factuellement pas vrai.
Heureusement que des élèves restant aujourd'hui treize ans au moins à l'école (de 3 à 16 ans) en sortent moins illettrés... Restent que pour 4%, ce n'est pas le cas.
Aucun rapport avec l'évolution dans le temps, donc. Corrigeons ces données : 34% des 25-64 ans sont diplômés de l’enseignement tertiaire contre 32% dans l'UE (chiffres RSE 2016, A1.2). Bref...Ensuite, les Français diplômés du supérieur, aujourd'hui c'est 44% des Français au total. Les Européens, c'est 35%.
Par ailleurs se référer au taux de diplomation est un leurre puisque ce taux peut s'accompagner d'une baisse impressionnante du niveau atteint, comme les études TIMSS l'ont démontré en terminale scientifique pour la période 1987-2015.
C'est bien l'aveu qu'à un niveau donné (fin de primaire, de collège, de lycée etc.) le niveau s'est objectivement dégradé.[...] On emmène les élèves moins haut, c'est vrai [...] mais on y emmène plus de monde donc le niveau moyen a augmenté.
On notera que M. Guénolé s'abstient bien de définir cet "avant" : même en admettant qu'il y ait bien démocratisation malgré des exigences moins élevées, le raisonnement sur la démocratisation scolaire s'effondre quand on considère la forte dégradation des résultats depuis… 1987.
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Lien cité : MEN, L'État de l'école 2015 .
Malheureusement, ce document du MEN ne définit pas la lecture ("Lire seul et comprendre un énoncé, une consigne simple. Lire silencieusement un texte (moins de 250 mots) en déchiffrant les mots inconnus, dégager le thème et manifester sa compréhension […]") comme "Le Monde" : une définition assez minimaliste, en somme, proche du décodage. La définition du "Monde" est tirée de L'État de l'école 2016 ,
Ce nouveau document du MEN définit donc différemment la compétence de lecture : celle-ci semble bien plus complexe ("dégager le thème d’un texte, repérer dans un texte des informations explicites, inférer des informations nouvelles (implicites), repérer les effets de choix formels"), laissant effectivement penser que la lecture minimale peut être maîtrisée.*
Qui croire dès lors ? Le MEN en 2015 ou le MEN en 2016 ? **
Voilà qui est assez problématique pour évaluer le niveau des élèves. De plus, dans les deux cas, la définition ne correspond pas au socle 2006 applicable jusque-là :
A vrai dire, pour plus de précision, on peut se référer aux compétences mesurées par CEDRE 2015 : 1% des élèves "en grande difficulté de lecture", 10% de "faibles compreneurs et des lecteurs en difficulté générale de lecture", 29% des élèves "capables d'accéder à un premier niveau de synthèse pour des écrits courts" et maîtrisant des compétences relevant principalement du cycle 2" (jusqu'en 2015 : CP-CE1).
Bref, pour le dire autrement, 40% des élèves entrent en 6e avec au mieux des compétences de lecture de CE1. Il semble donc que le "décodage" du "Monde" ne soit pas très pertinent.
** Dans L'État de l'école 2010, la compétence de base en lecture est encore définie différemment (l'élève est capable "de chercher des informations en se référant à l’organisation d’un dictionnaire ; de comprendre globalement un texte littéraire ou documentaire court et d’y prélever des informations ponctuelles explicites")
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Ils pensent aussi à 34,4% que la réussite scolaire s’est dégradée, en 2003, ils n’étaient que 9,3% et en 2007, près de 29%.
En 2003, ils jugeaient que la réussite scolaire s’était améliorée à 40,7%, en 2007 à 23%, et en 2017, ils ne sont plus que 18% à le penser.
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