L'anglais à l'université
Il y a une sorte de fiction commode dans le monde de la recherche que l'on va travailler là où c'est le plus dynamique, le plus séduisant thématiquement ; c'est sur cette fiction que s'appuie la mode actuelle d'imposer des « mobilités » aux chercheurs, qui sont censés aller à l'étranger pour y prendre de nouvelles idées et de nouvelles approches. Cette fiction omet que les chercheurs ont des préoccupations pratiques et des contraintes familiales.
En réalité, le choix d'un lieu de thèse ou de post-doctorat s'appuie sur bien d'autres facteurs que la qualité et le dynamisme de l'équipe de recherche. Exemples:
* J'ai obtenu un visa mais mon épouse et mon bébé n'en ont pas eu. Je n'y vais pas.
* Ma copine a peur d'aller résider dans un pays où on ne parle pas anglais.
* C'est super chez vous pour faire du parapente.
* Je veux un diplôme d'une université immédiatement identifiable mondialement, afin de faciliter mon futur recrutement. Nous ne connaissons que l'INRIA et l'EPFL en Europe.
* La France a une réputation mondiale pour la bureaucratie et les tracasseries administratives.
* Le salaire que vous proposez est trop faible.
Croyez bien que si je devais expliquer aux gens qu'il faudra que dans 2,5 ans ils maîtrisent suffisamment bien le français pour rédiger 150 pages en langue soutenue, ils fuiraient.
Évidemment, peut-être pourrions-nous être attractifs malgré ce genre de règles si l'argent coulait à flot, que nous avions des financements sur 5 ans et que nous puissions nous débarrasser de la bureaucratie. Mais même en Suisse, à l'EPFL ou à l'ETHZ (établissements en comparaison desquels l'université française moyenne est un taudis désorganisé), ils font des thèses en anglais et ils ont même des enseignants qui ne parlent respectivement pas français ou allemand.
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- Loys
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Quoi de plus stimulant que de travailler avec les meilleurs dans leur domaine de compétence, quelle que soit la langue ?
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Je vous imagine en cours :
« ...et Salluste était un général de la fin de la République.
- Msieur c'est faux !
- Pardon ?
- Msieur, j'ai lu sur un blog que Salluste c'était un type dans un film comique avec Louis de Funès ! »
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J'ai l'impression que vous sous-entendez que ceux qui ont du mal à recruter ont du mal parce qu'ils sont en fait médiocres (ergo, je suis médiocre).
Puisqu'il faut mettre les points sur les I. Je suis lauréat d'un projet ERC, c'est-à-dire de financements européens très sélectifs et prestigieux, le genre de choses pour lesquelles on fait un communiqué de presse du CNRS, de l'université, etc. Hé bien, j'ai du mal à recruter.
Les polytechniciens, par exemple, rêvent de thèses dans des endroits connus, bien dotés et bien organisés, comme Stanford, Berkeley, ou l'EPFL. J'ai d'ailleurs dû rédiger un certain nombre de lettres de recommandation en ce sens.
Quant aux étrangers, comme je vous l'ai dit la réputation de la France n'est pas fameuse. Un mélange de réflexions "on m'a dit que la France c'est pénible quand on ne parle pas parfaitement français" (ce qui n'est pas faux, cf vos idées), de peur de notre bureaucratie, d'illisibilité de nos structures. La seule université française connue est la Sorbonne, qui n'existe plus depuis 40 ans, et le seul établissement très largement connu en informatique est l'INRIA, qui ne délivre pas de doctorats.
Encore une fois, je crains que vous n'y connaissiez rien et que vous parliez avec assurance de choses que vous ignorez totalement.
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- Loys
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Pourquoi "préférer l'opinion" ? Je ne fais que mentionner l'existence d'opinions divergentes dans la communauté scientifique.DM écrit: Au sujet de Science21, permettez-moi de trouver curieux qu'une personne qui comme vous rejette l'anonymat et le pseudonymat de Wikipédia préfère l'opinion de parfaits inconnus se dissimulant derrière un « collectif » (qui pourrait fort bien ne pas être composé de chercheurs) à celle d'un chercheur parfaitement identifié.
L'Académie française a critiqué l'initiative de Mme Fioraso mais je n'ai pas connaissance de déclarations des Académies des sciences à ce sujet.
Vous trichez quelque peu. Les blogs n'ont pas de vocation encyclopédique : ce sont des lieux d'expression d'opinion, et on peut les citer à ce titre.Je vous imagine en cours :
« ...et Salluste était un général de la fin de la République.
- Msieur c'est faux !
- Pardon ?
- Msieur, j'ai lu sur un blog que Salluste c'était un type dans un film comique avec Louis de Funès ! » :devil
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- Loys
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Cela va sans doute vous étonner, mais sur feu le site collaboratif de Larousse.fr, il n'y avait non plus aucune vérification des noms et des compétences prétendues. N'importe qui pouvait s'inscrire et écrire sur n'importe quel sujet universitaire.
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- Loys
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On est bien loin de l'idéal scientifique.DM écrit: Les polytechniciens, par exemple, rêvent de thèses dans des endroits connus, bien dotés et bien organisés, comme Stanford, Berkeley, ou l'EPFL.
Quant aux étrangers, comme je vous l'ai dit la réputation de la France n'est pas fameuse. Un mélange de réflexions "on m'a dit que la France c'est pénible quand on ne parle pas parfaitement français" (ce qui n'est pas faux, cf vos idées), de peur de notre bureaucratie, d'illisibilité de nos structures.
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