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Inégalités... et discriminations "scolaires"
- Loys
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Quelle découverte !Ainsi, au cœur du sujet, il y a plutôt l’école française, qui n’offre pas les conditions optimales à des enfants dont la langue parlée à la maison n’est pas forcément le français.
Quelle découverte !« Les inégalités se creusent dès la maternelle et compromettent l’accès aux filières les plus favorables à la poursuite d’études supérieures », précise l’étude, qui ne part pas de données nouvelles mais compile une importante masse de résultats sur le sujet.
Les jeunes issus de l’immigration sont donc d’emblée dans une situation plus compliquée que ceux qui manient la « langue de l’école » le jour, les soirées, les week-ends et les vacances.
Quelle découverte !Le rapport ne le note pas, mais toutes les études sur l’entrée dans la lecture montrent que si un enfant ne possède pas un vocabulaire suffisant, il sera handicapé en termes de compréhension ; que s’il n’a pas fréquenté assez souvent les mots et la littérature jeunesse, joué avec les mots, il n’aura pas la conscience phonologique nécessaire pour comprendre le principe de la lecture qui ne va pas de soi.
Mais bon, il fait de l'anglais, de l'histoire des arts et bientôt du code informatique...
Mais la suppression du redoublement sera d'un grand secours.Délicate remédiation
De plus, l’école française est ainsi faite qu’un retard durant le cycle des apprentissages fondamentaux est très difficile à rattraper, comme le montrent les études de Bruno Suchaut pour l’Institut de recherche sur l’éducation (Iredu).
Les taux d'encadrement, le manque de surveillance, les conditions de l'exercice de l'autorité, la concentration des sections spécifiques, les établissements trop grands et la rotation des équipes également aussi.France Stratégie rappelle aussi la forte concentration dans certaines écoles des enfants d’immigrés, ce qui rend le travail de remédiation des enseignants quasi impossible.
Quelle découverte !Ces conditions initiales conduisent à une différence de niveau manifeste à 15 ans, c’est-à-dire à l’approche de la fin de la scolarité obligatoire. « D’après les tests PISA, rappelle France Stratégie, ces jeunes sont deux fois plus susceptibles de figurer parmi les élèves en difficulté. » A partir de là, les conséquences s’enchaînent mécaniquement au point que 40 % d’entre eux sortent sans diplôme ou avec un niveau inférieur au bac, alors qu’ils représentent un cinquième d’une classe d’âge.
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Avec ce genre de discrimination positive, il n'est pas sûr que les classe moyennes consentent longtemps à la mixité sociale.
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Interdire l'héritage, ciel !Rinette écrit: Ceux qui accusent l'école d'entériner les inégalités sociales dues à la naissance seraient-ils prêts à s'attaquer à elles efficacement (à la base, comprendre "interdire l'héritage") ? Voilà, en général, une question qui fâche. Après, on peut toujours se gargariser d'égalité.
De deux choses l'une, avec de tels propos, soit vous êtes une vraie libérale (égalisation des chances à la base par nivellement des inégalités de fortune), soit vous êtes communiste à l'ancienne (tout à l'état, donc égalité de mauvaise fortune)...
L'idée en soi ne me déplaît pas, mais je crains qu'elle ne rencontre peu d'écho favorable...
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- Loys
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pp. 258-259
www.persee.fr/web/revues/home/prescript/...7_1949_num_1_3_18861
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- Loys
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Jamais il ne suppose que les pratiques peuvent simplement avoir d'autres motifs qu'appliquer une idée de justice. Que les notes par exemple peuvent être motivées non par la volonté de sanctionner ou récompenser selon le mérite, mais par leur nécessité pour que le cours puisse se dérouler normalement (silence, attention etc.). Cette sanction peut certes être parfois injuste, et c'est toujours regrettable. Mais sans cette sanction, certains cours ne peuvent avoir lieu. Si l'on n'est attentif qu'à la justice, on renonce à ce qu’ils aient lieu. On renonce à enseigner la littérature au lycée, la langue soutenue au collège parce que, malgré les efforts, il y a des injustices – sociales ou pas d’ailleurs – dans la relation entre les efforts et les résultats. Dubet est-il aveugle à cela? Nulle part je n'ai vu dans ce qu'il écrit autre chose que l'identification de la position des enseignants soit à une conception méritocratique, soit à la défense de leurs propres intérêts ou de ceux de leurs enfants. Ce dernier argument est assez insupportable : lorsqu’on ne comprend pas les raisons d’un désaccord, on les disqualifie.
Ou bien Dubet juge-t-il que tout le système scolaire devrait être orienté par la question de la justice et, lorsque d'autres objectifs contredisent la justice, que la justice doit être première ? C'est faire bien peu de cas de ce qui constitue, autant que la réflexion sur la justice, notre héritage. Si l'on doit renoncer à enseigner la littérature, c'est malheureux pour ceux qui l'enseignent, pour tous ceux qui s'en sont nourris et pour ceux qui ne pourront plus l'être. Réduire la question scolaire à des débats sur la justice, c'est refuser que l'objectif du système scolaire soit aussi de donner les moyens de faire vivre un héritage commun.
Ce qui est plus frappant encore, c'est la réduction de la question de la justice à la question scolaire: l'égalisation des places, des conditions de vue de chacun, rend-elle nécessaire l'accès égal aux études? Les enseignants, contrairement à ce que prétend Dubet, n’attribuent pas comme but à l’école « de répartir les individus dans la société en fonction de leur mérite scolaire ». Leurs objectifs se bornent généralement à répartir les individus dans l’école et non dans la société. Il peut leur arriver sans doute d’ironiser sur l’analphabétisme (parfois) ou le jargon technocratique (souvent) de ceux qui, dans la société, occupent des places enviées, mais cela n’a rien à voir avec leurs revendications dans l’école. Et leurs revendications dans l’école est d’attribuer les places en fonction de la capacité des élèves à suivre certains enseignements, enseignements qui se justifient par leur place dans l’héritage commun de la société.
S’il y a une relation entre les places dans l’école et dans la société, les enseignants eux-mêmes n’y sont pas pour grand-chose. Peut-être faut-il contester cette relation. Que la concierge soit plus, moins ou autant payée que les professeurs (ou les cadres), c’est une question (de justice) qui dépasse largement la question scolaire. C’est une question qui exige de comprendre les déterminants des revenus. Faire du classement scolaire l’origine des différences de places et notamment de revenus, c’est supposer que ces différences de revenu viennent de différences de productivités, qui elles-mêmes viennent de différences de qualifications, exprimées par une hiérarchie des diplômes. Pourquoi Dubet ne conteste-t-il pas ces hypothèses, qui n’ont rien d’évident ? (Les rémunérations des enseignants d’ailleurs devraient nous inviter à nous interroger sur ces relations). Pourquoi renonce-t-il à œuvrer en faveur d’une égalité indépendamment des résultats scolaires ? Pourquoi l’école serait-elle le seul moyen par lequel on peut modifier le monde social ? Parce que l’on renonce à promouvoir autrement l’égalité ? Parce que l’on ne sait comment résoudre le chômage ? C’est faire porter sur l’école le poids de toutes nos insuffisances économiques et sociales. C'est peut-être, paradoxalement, l'expression d'un conservatisme social.
J'avais juste survolé ce billet. Après une lecture plus approfondie, je trouve l'analyse brillante. Bravo !
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- Loys
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- "France Stratégie confirme la ségrégation des jeunes africains et ses effets"
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- "La ségrégation scolaire c'est bien ou pas bien ? "
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- Loys
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Quelle amusante question !La ségrégation scolaire c'est bien ou pas bien ?
Comme nous l'avons vu plus haut haut dans ce fil, qui dit "ségrégation" dit agent de de cette ségrégation : curieusement, les agents ici sont les "établissements" dans le sens le plus abstrait possible.Son premier enseignement c'est de montrer que les établissements jouent un rôle majeur dans le ségrégation scolaire.
Cette mesure au doigt mouillé semble très scientifique.Si les inégalités territoriales expliquent la moitié de la ségrégation sociale vécue par les élèves, le reste relève des politiques menées entre établissements ou à l'intérieur des établissements.
C'est à dire que les élèves sont triés en fonction de critères sociaux ?Pour Son Thierry Ly, "la ségrégation à l'intérieur des établissements est de même ampleur que celle qui existe entre établissements". Autrement dit ce qui se passe dans les établissements est extrêmement important.
Son Thierry Ly montre que 9% des collèges pratiquent une ségrégation sur au moins trois niveaux du collège sur quatre. Un quart des collèges pratiquent de la ségrégation sociale en 3ème.
En admettant que des classes de niveau participent d'une forme de "ségrégation", il est curieux de la mettre sur le même plan que la ségrégation sociale. Si l'on suit ce raisonnement, le niveau des élèves est par définition ségrégatif : affecter les élèves après la troisième en fonction du niveau des élèves serait donc une ségrégation.Quant à la ségrégation scolaire (trier els élèves selon le niveau), la moitié des collèges la pratiquent en 3ème.
Les options ne sont pas imposées ou refusées aux élèves : si des inégalités sont constatées, elles ne constituent en aucun cas des ségrégations.Les options sont l'arme la plus utilisée pour permettre ces ségrégations.
Et comme on le rappelait plus hait, les options sont la dernière arme des établissements désertés pour conserver un public un peu hétérogène. Accuser les options risque donc d'avoir des conséquences bien plus graves en terme de ségrégation.
C'est curieux de faire ce choix et de s'en plaindre...Comme en a témoigné un CPE présent dans la salle "mon fils fait allemand il va avoir les mêmes camarades de la 6ème à la 3ème"...
Par ailleurs où s'opère la ségrégation, c'est à dire la mise à l'écart volontaire des élèves ? Le choix de la langue vivante est libre...
Voilà qui est contradictoire ou confus : avoir les mêmes camarades pendant tout le collège, c'est de la ségrégation ou pas ?Comment la ségrégation est-elle vécue ?
Son Thierry Ly a aussi réussi à mettre en équation la façon dont la ségrégation est vécue par chaque élève. Combien de fois par exemple chaque élève a-t-il le sentiment d'être relégué dans une classe spéciale ? En observant les mouvements des élèves chaque année de classe en classe, il montre que la recomposition des classes qui est faite chaque année tempère fortement le sentiment de ségrégation. Peu d'élèves vivent chaque année l'expérience d'être dans une classe reléguée.
C'est aussi au vécu que s'adresse Barbara Fouquet Chauprade dans une étude tout à fait innovante. Elle s'est attachée à observer el sentiment de bien être des élèves dans les situations de ségrégation dans 6 collèges français (4 dans l'académie de Bordeaux et 2 sur Créteil) à travers plus de 1300 questionnaires. Le premier enseignement c'est que la ségrégation ethnique...
Qui, dans l’Éducation nationale, a choisi de regrouper les élèves par "ethnie" ?
...a beaucoup plus d'effet sur le bien être que la ségrégation sociale. La ségrégation ethnique est mal vécue sauf quand les minorités ethniques sont majoritaires dans une classe. Dans ce cas, cette mise à l'écart , ou cet entre soi forcé, est vécue positivement par les élèves des minorités ethniques (mais négativement par les élèves de la majorité). D'où une nouvelle interrogation: cette stratégie de mise à l'écart n'ets-elle pas positive pour les jeunes en question ?
Cette façon de penser la classe par "ethnies" me paraît, pour ma part, particulièrement discriminatoire et anti-républicaine.
Rappelons la définition de "ethnie" :
ETHNIE, subst. fém.
Groupe d'êtres humains qui possède, en plus ou moins grande part, un héritage socio-culturel commun, en particulier la langue
Si la ségrégation est en partie l'effet d'une volonté (d'une recherche de "fraternité comme dit ailleurs François Jarraud), difficile d'accuser l'école de ségrégation ("des politiques menées entre établissements ou à l'intérieur des établissements")...La question renvoie à un débat qui a lieu aussi en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis sur l'épanouissement des filles ou des minorités dans des établissements spécifiques. Elle interroge du coup la part des amitiés ou des démarches des parents dans la construction de la ségrégation.
Il y a des phrases qui mériteraient d'être relues...Mais si pour vivre heureux il faut vivre ségrégué, comment faire société ? Là dessus économistes et sociologues ont-ils des réponses ?
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Dans le collège de mes enfants, on ne peut faire allemand en 6e que dans le cadre de classe bilangue, pour laquelle il y a une sélection sur le niveau (après recueil de l'avis de l'enseignant de CM2). Pas d'allemand possible en 4e.Loys écrit:
Les options ne sont pas imposées ou refusées aux élèves : si des inégalités sont constatées, elles ne constituent en aucun cas des ségrégations.Les options sont l'arme la plus utilisée pour permettre ces ségrégations.
Et comme on le rappelait plus haut, les options sont la dernière arme des établissements désertés pour conserver un public un peu hétérogène. Accuser les options risque donc d'avoir des conséquences bien plus graves en terme de ségrégation.
C'est curieux de faire ce choix et de s'en plaindre...Comme en a témoigné un CPE présent dans la salle "mon fils fait allemand il va avoir les mêmes camarades de la 6ème à la 3ème"...
Par ailleurs où s'opère la ségrégation, c'est à dire la mise à l'écart volontaire des élèves ? Le choix de la langue vivante est libre...
En revanche, les germanistes sont dispersés sur deux classes (emploi du temps dit "en barrette"), et les deux demi-classes sont complétées avec les plus défavorisés des autres élèves, pour que sur les n classes de 6e, Son Thierry Ly ne puisse pas détecté de ségrégation.
Il y a des phrases qui mériteraient d'être relues...[/quote]Mais si pour vivre heureux il faut vivre ségrégué, comment faire société ? Là dessus économistes et sociologues ont-ils des réponses ?
Ah bon ? Cela me semble la première phrase de l'article qui ait envie de pencher vers le raisonnable.
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- Loys
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J'entends bien, mais d'une part toutes les options ne reposent pas sur une telle sélection, d'autre part cette sélection se fait uniquement sur des critères de niveau (la "ségrégation scolaire") : François Jarraud dit explicitement que cette ségrégation est également sociale ("Les options sont l'arme la plus utilisée pour permettre ces ségrégations")archeboc écrit: Dans le collège de mes enfants, on ne peut faire allemand en 6e que dans le cadre de classe bilangue, pour laquelle il y a une sélection sur le niveau (après recueil de l'avis de l'enseignant de CM2). Pas d'allemand possible en 4e.
Dans ce cas, je vois surtout mal où est la ségrégation...En revanche, les germanistes sont dispersés sur deux classes (emploi du temps dit "en barrette"), et les deux demi-classes sont complétées avec les plus défavorisés des autres élèves, pour que sur les n classes de 6e, Son Thierry Ly ne puisse pas détecté de ségrégation.
C'est le postulat de départ qui pose problème ("si pour vivre heureux il faut vivre ségrégué").Ah bon ? Cela me semble la première phrase de l'article qui ait envie de pencher vers le raisonnable.
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